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Les difficultés d'ouvrir une école confessionnelle

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HAKIM ET YASSINE BENZADA
Fondateur du groupe scolaire Al Kindi de Décines et Président du groupe Al Kindi , directeur de l’établissement Al Kindi depuis 2013

Interview de Nazir Hakim et Yassine Benzada

<< Notre but est de construire des citoyens fiers de ce qu’ils sont et font, qui soient à l’aise avec autrui et en capacité de mettre autrui à l’aise. C’est l’utopie, c’est Platon >>.

Nazir Hakim (à gauche), fondateur du groupe scolaire Al Kindi de Décines et Président du groupe Al Kindi et Yassine Benzada, directeur de l’établissement Al Kindi depuis 2013.

Ouvert en 2007, le groupe scolaire Al Kindi accueille 510 élèves du primaire au lycée. Deux classes sont actuellement sous-contrat avec l’Etat. Au cours de cet entretien, Nazir Hakim revient sur la genèse et les ambitions du projet : être une école ouverte à tous reconnue pour son excellence scolaire et permettre aux élèves musulmans qui le souhaitent de pratiquer leur culte.

Assurant la direction depuis 2013, Yassine Benzada nous explique sa politique d’ouverture de l’établissement aux élèves en difficulté, la manière dont les valeurs humanistes portées par l’Islam rencontrent celles de l’idéal républicain et sont essentielles à la formation de citoyens épanouis et intégrés.

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Date : 02/03/2018

Comment est né le projet de fonder cette école ?

Une intégration réussie repose sur la méthode scolaire

Nazir Hakim : L’idée d’ouvrir une école de référence musulmane était présente depuis un moment dans certains milieux bien intégrés socialement : professeurs de faculté, cadres supérieurs... En tant que professeur à l’université de Grenoble, j’étais farouchement contre et plaidais pour intégrer nos enfants dans le système scolaire, comme tout le monde. Puis, au début des années 2000, en tant que directeur à ST Microelectronic, j’ai dû recruter un ingénieur. Parmi les candidats finalistes, il y en avait deux issus de la même école d’ingénieur : « Robert » et « Khaled » dont le parcours scolaire était le plus brillant. Pourtant, après l’entretien, je suis convaincu d’embaucher Robert. Pourquoi ? Cela m’a interpellé. J’ai réalisé que Khaled n’arrivait pas à présenter ses capacités et que, moi aussi, en ayant fait polytechnique et obtenu trois doctorats, j’ai ces mêmes lacunes ! Comment remédier à cela ? Une intégration réussie repose sur la méthode scolaire.
J’ai donc réfléchi à la manière de développer une pédagogie de la réussite scolaire et créer cette école m’est alors apparue comme nécessaire. En 2003, j’ai constaté qu’il y avait 5225 écoles attachées au diocèse, 408 au CRIF- Conseil Représentatif des Institutions Juives de France et 2 au cercle musulman, une à Marseille et l’autre à Saint-Denis. Suite à la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat, l’Etat participe au financement des écoles sous contrat. Mais si l’Etat soutenait des écoles confessionnelles catholiques, protestantes et juives, il n’y avait aucune ligne budgétaire pour les écoles musulmanes. Le recteur d’alors m’a expliqué que le budget manquait pour financer de nouvelles écoles et qu’il n’était pas possible non plus de « déshabiller Paul pour habiller Mohammed ». Mais si j’arrivais à augmenter ces capacités financières, nous pourrions en bénéficier.

Et pourtant malgré ce soutien de l’académie, l’ouverture a été très compliquée ?

Nazir Hakim : Un nouveau recteur Alain Morvan est arrivé et a tout de suite été opposé au projet. Les obstacles étaient incessants : comme la capacité de l’école était de 500 élèves, il fallait prévoir 50 toilettes puisque la loi prévoit un toilette pour 10 enfants. Bien sûr c’est la loi,  mais où est-elle appliquée ? Certainement pas dans les écoles de la République ! J’ai acheté 50 toilettes que j’ai mis dans le jardin puis j’ai fait venir les journalistes et la commission hygiène et sécurité. Nous avions mis de la moquette à l’école primaire, mais c’était interdit : il fallait un carrelage type 5, le même que pour les salles d’opération. Donc un carrelage très couteux. Même la règle de supériorité du PLU nous a été opposée : notre terrain n’était pas prévu pour une école mais pour un stade. Mais il se trouve qu’il y a aussi une école publique sur ce terrain… La logique voudrait alors qu’elle soit aussi fermée non ? Comme notre objectif était, et est toujours, que l’école passe sous-contrat, nous étions attentifs à ce que tout soit conforme à la législation. Mais nous avions beau répondre à toutes les exigences, l’autorisation n’était jamais accordée. J’avais déjà recruté les enseignants. Finalement, tout cela s’est terminé au tribunal. Le juge nous a donné l’autorisation d’ouvrir en mars 2007 et le recteur a été limogé.

Comment expliquez-vous ces réticences ?

La peur, l’incompréhension, le rejet de l’autre

Nazir Hakim : La peur, l’incompréhension, le rejet de l’autre. Le recteur estimait que cette école allait créer un ghetto de plus pour les enfants issus de l’immigration. Mais cet établissement est un projet d’excellence scolaire ancré dans des valeurs fortes. La première c’est le respect de l’héritage, de nos valeurs qui nous font avancer. La deuxième, c’est l’endurance. Ici, nous travaillons dur, en continu et ensemble. La troisième c’est de développer une culture de la réussite scolaire pour amener mes enfants, je dis mes enfants, à bien s’intégrer à l’université et au monde du travail et qu’ils trouvent facilement leur place dans la société. Aujourd’hui, nous sommes réputés pour notre excellence : des élèves, qui ne sont pas musulmans, viennent ici pour réussir. Les anciens élèves d’Al Kindi sont parmi ceux qui réussissent le mieux le concours de médecine : l’an dernier, cinq sur les sept qui le préparaient l’ont eu !

Comment vous êtes- vous fait connaitre ?

Nazir Hakim : Le jour de l’ouverture, il y avait 16 élèves et 86 journalistes ! Un peu comme à Cannes ! Ça a été une sacrée publicité ! Toute la communauté musulmane, dans toutes ses appartenances, soutenait ce projet d’école. Le succès a été immédiat. Au début, les enfants venaient de Lyon et des départements alentours. Certaines familles sont venues s’installer à Décines pour se rapprocher de l’école mais maintenant la majorité des élèves est rhodanienne. Chaque année, nous recevons entre 1500 et 2000 demandes pour 50 à 100 places. 

Pour les parents, c’est un lieu où leurs enfants peuvent étudier tout en vivant leur religion ?

Ici, il y a des enfants voilés et non voilés. Ce qui importe, ce sont les résultats

Nazir Hakim : Oui, c’est un facteur. La loi interdit les signes religieux à l’école publique mais elle ne s’applique pas dans les écoles sous-contrat et hors-contrat. Ici, il y a des enfants voilés et non voilés. Ce qui importe, ce sont les résultats. Une fille voilée qui n’a pas envie de venir, un enfant qui ne travaille pas n’ont pas leur place ici. Notre engagement est seulement scolaire : travailler sur les comportements des enfants, leur encadrement, leur réussite scolaire et leur projet professionnel.

Yassine Benzada : Je suis contre les écoles spécialisées. Venir à Al Kindi, c’est chercher l’excellence. Pour les convictions religieuses, il faut aller dans une mosquée, une église, une synagogue ou un temple. En tant que directeur, j’ai accepté une élève juste sur sa motivation à réussir le bac avec mention très bien. Je suis convaincu qu’un élève qui vise la mention très bien sera un bon citoyen. Ma plus grande déception serait qu’ils deviennent des machines : des machines à travailler, des technocrates purs et durs qui ne sont plus porteurs d’aucune valeur, qui ont perdu l’humanisme et l’espoir dans la vie. Pour nous, la vie est sacrée. Celui qui sauve une vie, sauve l’humanité et celui qui fait perdre une vie, perd l’humanité. C’est un message coranique. Ce sont des principes simples mais qui embellissent la vie, permettent d’être plus heureux, de ne pas craindre l’altérité et d’accepter tout le monde sans jugement. Jugeons les actions plutôt ! Notre but est de construire des citoyens fiers de ce qu’ils sont et font, qui soient à l’aise avec autrui et en capacité de mettre autrui à l’aise. C’est l’utopie, c’est Platon.

Quelle est votre pédagogie ?

La pédagogie est celle de l’Education nationale mais nous nous inspirons aussi de ce qui se fait ailleurs.

Yassine Benzada : La pédagogie est celle de l’Education nationale mais nous nous inspirons aussi de ce qui se fait ailleurs. L’an dernier, nous avons organisé six jours de travail avec les enseignants et fait venir un intervenant sur les modèles suédois et australiens. Ensuite, il faut être réaliste sur ce qui est faisable. Depuis 5 ans, nous développons des projets d’activités autres que l’activité scolaire. Finalement, nous étions en avance sur le projet de réforme scolaire et périscolaire ! Nous avons proposé du théâtre pour apprendre aux jeunes à faire un discours et ne pas avoir peur de parler en public. Une association intervient auprès des élèves pour qu’ils apprennent l’humanisme. L’important est que nos enfants aient le même traitement que les autres.

Nazir Hakim : Face à une difficulté, la vraie question est de savoir quelle est l’origine du problème : la réception, le stockage ou la restitution de l’information ? Ce sont trois problèmes différents. En ce moment, nous réfléchissons à mise en en place deux heures de soutien scolaire obligatoire pour les élèves qui ont une note inférieure à 12. Deux heures les mercredi après-midi ou le samedi fournies par l’école gratuitement. Pour les élèves, c’est une punition mais pour moi c’est une nécessité. Le contrat est simple : pour en sortir, il suffit d’avoir une note supérieure à 12 au prochain contrôle ! Ça les motive pour travailler.

Y-a-t-il de l’enseignement religieux ?

Ces enseignements peuvent éclairer notre parcours.

Nazir Hakim : Nous souhaitons transmettre les fondamentaux humanitaires et humanistes de l’Islam présents dans les textes mais peu exposés : égalité, fraternité, liberté. Comme les idéaux républicains ! Etre un bon musulman, c’est être un bon républicain.

Yassine Benzada : Le Verbe restera le Verbe, même dans 3000 ans. Ces enseignements peuvent éclairer notre parcours. Méditer sur les paroles du Prophète est bénéfique : Allah aime la beauté, tu dois aimer la beauté. Un élève qui excelle mais est égoïste, c’est néfaste. Il deviendra un technocrate pur et dur qui ne peut faire le bien. Pour ceux qui souhaitent approfondir leur connaissance de la religion musulmane, il y a des activités comme l’apprentissage des techniques de récitation du Coran. Un espace de prière est aussi ouvert à tous ceux qui veulent se recueillir un moment. Mais si les enfants veulent se spécialiser, devenir imam, prêtre, ils feront ce choix-là plus tard. Ici, nous ne sommes pas un établissement religieux mais républicain. Par contre, nous travaillons sur la culture arabe lors de la semaine de la langue arabe de l’UNESCO au travers d’exposés, d’une exposition. L’arabe est aussi enseigné et pratiqué, non pas par conviction sectaire ou communautarisme, mais parce que c’est une langue internationale.

Vous essayez d’accompagner les enfants dans l’entrée dans la vie professionnelle, y-a-t-il une réflexion sur le voile et le milieu professionnel ?

Nazir Hakim : Ce n’est pas mon souci. La société est injuste quand elle empêche une fille voilée de poursuivre les études qu’elle veut. Il faut l’aider en cela mais le milieu professionnel, c’est autre chose. Si vous êtes ingénieur et ne trouvez pas de travail parce que vous portez le voile, c’est à vous de décider : soit vous restez à la maison, soit vous enlevez le voile. C’est une question qui relève de la sphère privée. L’essentiel est d’aider les mineurs à avoir leur liberté et de faciliter les études de ceux qui le veulent.

Quelle est la place des parents ? Est-ce que vous les accompagnez sur des questions comme la parentalité ?

L’échec d’un élève est aussi celui des parents

Yassine Benzada : L’échec d’un élève est aussi celui des parents. Chaque élève, s’il est mis dans les meilleures conditions, est voué à la réussite. Quand les objectifs parentaux sont en contradiction ou en confrontation avec ceux de l’établissement ou pour les choix d’orientation, nous pouvons organiser des conférences, ou convoquer les parents pour mieux comprendre la situation. Par exemple, les rythmes de vie sont importants. Si un élève de seconde se couche tard tous les jours, il ne pourra pas avoir des bonnes notes. Il faut proposer des solutions et éviter que les parents ne se cantonnent à des reproches. En cas de retard scolaire, il faut veiller à ce que l’élève puisse travailler un peu plus par exemple. Certains parents sont très impliqués tandis que, pour d’autres, l’école est un refuge pour abandonner les enfants chaque matin

Quelles sont les principales difficultés et contraintes rencontrées ?

Avoir plus de moyens permettrait aussi de mieux lutter contre l’exclusion car la seule exclusion est celle de l’ignorance

Nazir Hakim : Actuellement, la principale difficulté est de trouver des financements pour développer des projets. Le climat international fait peur à tout le monde. Tout transfert d’argent devient suspicieux. Il y existe des structures internationales, ou des pays comme la Turquie, qui aident à l’ouverture d’écoles d’excellence mais nous n’avons pas de rapports avec eux. Par contre, nous avons été soutenus par la fondation du chanteur Cat Stevens la « Yusuf Islam Foundation » qui aide au développement d’écoles musulmanes.

Yassine Benzada : Au moins un tiers des élèves sont confrontés à des situations sociales difficiles comme des problèmes financiers, des difficultés familiales... C’est à nous de les suivre et de les comprendre. Effectivement, les moyens manquent pour cet accompagnement. Mettre en place du soutien scolaire est une idée excellente mais très coûteuse  même en payant au smic des anciens élèves ! Avoir plus de moyens permettrait aussi de mieux lutter contre l’exclusion car la seule exclusion est celle de l’ignorance. Depuis 2013, nous avons exclu trois élèves à la suite de conseils de discipline. Chaque exclusion est un échec. Avec des moyens supplémentaires, nous pourrions créer quelques classes aménagées pour accueillir l’élève le temps de l’exclusion ou pour lui proposer un parcours adapté à ses besoins. Ce n’est pas possible de l’abandonner dans la rue sans savoir ce qu’il advient de lui après le départ de l’établissement !

Quelles sont les ressources de l’école ? En-dehors des écolages, avez-vous des mécénats pour soutenir les projets ou la scolarité d’enfants défavorisés ?

Il y a une association de parents, une association des élèves, celle des amis d’Al Kindi et l’association Al Kindi, qui oeuvrent, chacune à leur niveau, par du don de temps, de la transmission de savoirs ou du mécénat.

Nazir Hakim : Il y a une association de parents, une association des élèves, celle des amis d’Al Kindi et l’association Al Kindi, qui oeuvrent, chacune à leur niveau, par du don de temps, de la transmission de savoirs ou du mécénat. Les entreprises peuvent aussi nous soutenir via le versement de leur taxe d’apprentissage. L’association des parents soutient et accompagne diverses activités comme la sortie hebdomadaire au cinéma pour les primaires, les voyages scolaires... En attendant d’atteindre l’équilibre, je soutiens beaucoup l’école avec mes fonds propres, notamment grâce à des royalties sur des brevets technologiques. Je pensais qu’après 5 ans de fonctionnement, l’école passerait sous contrat avec l’Etat et que le financement serait partagé, mais ce n’est pas encore le cas. Des initiatives comme le soutien scolaire vont être financé par l’association Al Kindi.

Yassine Benzada : Les frais de scolarité sont dégressifs. C’est important. En prenant le poste, j’ai aussi décidé d’augmenter le prix global parce que je veux du luxe pour les salles de travaux pratiques et de technologie qui reviennent très cher : la première nous a couté 25000 euros et la seconde 18000. Pour le reste, je suis croyant et il se passe des choses incroyables. Récemment, un papa arrive en pleurant parce que sa fille veut intégrer l’école pour avoir son bac avec mention très bien mais qu’il n’a pas les moyens. J’étais dans une position délicate : cette année, j’ai eu plus de 700 dossiers pour 50 places ! Je vais voir à l’intendance ce qu’il est possible de faire. Là, je reçois un coup de fil d’une secrétaire médicale qui nous aidait parfois pour gérer les candidatures. Elle vient d’avoir un poste à Genève et souhaite prendre en charge la scolarité d’un de nos élèves. Si le monsieur et sa fille étaient déjà partis, ça aurait été différent mais non, le téléphone sonne au bon moment. Je trouve que c’est un peu divin.

Comment travaille l’équipe pédagogique ?

Yassine Benzada : Je suis responsable d’une équipe humaine. Tous les matins, je suis avec eux, je n’ai jamais raté une ouverture depuis 2013. C’est un principe pour moi. Je salue mes collègues et ensuite je viens dans mon bureau ou me rends à mes rendez-vous. Même si c’est la rectrice, elle attendra. Il y a 53 enseignants en tout avec le primaire. Nous avons deux conventions collectives et deux statuts : l’un pour ceux qui sont pris en charge par le rectorat au titre des heures sous-contrat et l’autre pour ceux qui contractualisent avec le Président via l’association Al Kindi. Côté rémunération, jusqu’à peu je ne connaissais même pas le salaire de mes enseignants mais je tiens à ce qu’ils soient bien payés. Je donne aussi la priorité aux anciens élèves d’Al Kindi pour la vie scolaire. J’exige qu’il y ait au moins 3 ans d’écart, à bac plus 3, tout simplement pour éviter le copinage. Une de nos surveillantes est championne de taekwondo. Ça ne se voit pas sous son hijab mais elle est ceinture noire 3ème dan ! L’association des anciens élèves est aussi très active pour le soutien scolaire ou l’organisation de la journée des lycéens.

Quelles sont vos relations avec le rectorat et les autres écoles du territoire ?

L’école est très bien intégrée dans le réseau scolaire

Yassine Benzada : Nous avons une très bonne collaboration avec l’inspecteur académique et la rectrice. Nous avons eu besoin du rectorat pour faire face aux difficultés et titulariser des enseignants. L’école est très bien intégrée dans le réseau scolaire et nous sommes sollicités par le rectorat pour organiser des exercices incendie ou des journées de formation. C’est la deuxième fois que nous organisons une journée de formation dans le cadre de la réforme du collège qui a réuni plus de 70 établissements. C’est une occasion d’ouverture parce que les gens fantasment sur Al Kindi, établissement musulman. En réalité, c’est un établissement sous contrat avec l’Etat, qui essaie d’être conforme à l’Education Nationale et de s’ouvrir. Une de nos meilleures enseignantes est catholique : je lui dis parfois que je vais l’écrire sur le site pour que les gens soient rassurés ! Un jour, il y aura autant d’élèves musulmans que non musulmans, preuve que cet établissement est bien ancré dans le tissu de l’Education Nationale. Les gens viendront pour la réussite de leur enfant.

En tant que directeur pédagogique, quels enseignements tirez-vous de ces années ?

Yassine Benzada : C’est un projet qui demande beaucoup de sacrifices. Ce n’est pas le bonheur chaque jour mais toute difficulté est une opportunité

Quelques classes sont déjà sous-contrat, votre ambition est-elle d’inscrire l’ensemble de l’établissement dans cette dynamique de contractualisation ?

Nazir Hakim : Dès le début, l’objectif était d’être un établissement sous-contrat mais il n’y a pas d’autres choix que de commencer hors-contrat. Actuellement, deux classes de l’école primaire sont sous contrat. Mais Al Kindi, ce n’est pas que le groupe scolaire de Décines. Il y a aussi une école à Marseille qui est sous contrat, une à Nice, une autre à Toulouse mais toutes ces écoles ne s’appellent pas Al Kindi. Je n’ai pas envie de faire la marque Al Kindi comme la marque « Hallal » ! Aujourd’hui, sous mon regard financier, j’ai 7 écoles.

Etes-vous sollicités par des porteurs de projets pour les accompagner dans leur démarche ?

Nazir Hakim : J’ai une association dédiée pour l’accompagnement des porteurs de projets d’écoles qui propose des séminaires, des stages d’information et de formation sur l’ouverture d’un groupe scolaire… J’ai accompagné l’ouverture d’écoles à Paris, Roubaix, Nantes. En tout, il y a 21 groupes scolaires de référence musulmane. Bien sûr, il y a toujours des madrasas qui n’ont pas les mêmes principes que moi mais nous travaillons avec le rectorat pour les rencontrer et les faire évoluer vers des écoles de la République.