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L'avenir des SHS

Interview de Gérard WORMSER

Philosophe (ENS-Lettres et Sciences Humaines)

<< Les savoirs impliqués, interdisciplinaires, dialoguants... doivent faire partie aujourd'hui des formations dispensées en Sciences Humaines et Sociales >>.

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Date : 03/05/2009

Entretien avec Gérard Wormser, philosophe (ENS-Lettres et Sciences Humaines), directeur de la revue Sens Public  (gwormser@free.fr).
Propos recueillis par Caroline Januel le le 4 mai 2009

Les sciences humaines et sociales (SHS) font régulièrement l'objet de débats passionnés. Le champ de connaissances désigné sous l'appellation SHS, la finalité des recherches conduites dans les différentes disciplines concernées et leurs apprentissages sont autant de questions qui préoccupent la communauté scientifique et concernent la société toute entière. Ces débats semblent redoubler d'intensité à l'heure où un avenir sombre est prédit aux SHS. Dans ce contexte, nous avons interrogé un acteur et observateur privilégié des SHS sur  leurs avenirs possibles.

 

Pouvez-vous nous rappeler les raisons pour lesquelles les Sciences Humaines et Sociales ou SHS en France apparaissent actuellement à un tournant ?

Tout d'abord, nous sommes passés d'une rareté des intellectuels à une sorte de surproduction. Les acteurs de la recherche, de l'échange, de la communication scientifique viennent du monde entier. L'internationalisation est un fait dont nos circuits n'ont pas pris la mesure.
Ensuite, nous sommes allés au maximum des spécialisations. L'enjeu est clairement de remettre en commun les compétences, en créant par exemple ce que j'appelle des écoles d'écriture, des ateliers d'écriture pour que des experts apprennent à travailler ensemble.
Enfin, la nécessité pour les sciences en général, et les SHS en particulier, de prendre en compte des éléments sociaux et économiques me paraît aujourd'hui indiscutable. Les chercheurs n'avaient pas à le faire auparavant : dans l'après-guerre, des nouveaux champs se découvrent, la spécialisation est productive, la croissance est là. Les chercheurs en SHS pouvaient ignorer la question du retour de leurs travaux vers la société : ils ont continué depuis. Sur ce point, notons l'échec de Sartre et Beauvoir, Bourdieu et Foucault, Touraine, Morin et Crozier, en dépit de leurs efforts face à une « société bloquée » ¹.

 

En termes de prospective, ces trois facteurs modifient considérablement les choses.
Quelles évolutions concrètes pouvons-nous envisager pour les SHS concernant tout d'abord la nécessité de « retour » vers la société ?

Il suffirait de lier notre spécialisation aux questions de la société pour découvrir tout ce que les SHS ont à  proposer. Ainsi, des archéologues ont découvert au centre de Paris, près du Louvre, les restes d'une enceinte du 9ème siècle qui donne des informations qui manquaient sur la ville de l'époque. Il s'agissait d'une fouille préalable à la construction d'un immeuble. L'archéologie peut donc être impliquée... en association aux obligations d'un promoteur immobilier. On peut dépasser l'opposition entre la science et la société.
De même sur la mondialisation : a-t-on jamais eu autant besoin de spécialistes de l'histoire de la Chine, très rares il y a 20 ou 30 ans ? Il y a un intérêt évident à mieux la connaître et « course » entre laboratoires...
Voyons aussi comment l'internet stimule des travaux sur la protection de la vie privée, la commercialisation des données, le droit d'auteur. Les technologies contemporaines appellent les juristes à innover. Il en ira de même partout. Même l'antique grammaire est entièrement repensée à la lumière des moteurs de recherche ².

 

Et concernant la nécessité du travail collectif ?

Les possibilités sont infinies ! D'abord, beaucoup de jeunes qui se destinent à une vie intellectuelle seront bilingues, voire trilingues. La pluralité des langues professionnelles est centrale pour le travail en collectif. Travailler dans une autre langue que la sienne, c'est se poser plus de questions sur les normes de légitimité implicites de chaque organisation qui, dans chaque contexte culturel, orientent vers diverses manières d'aborder une question. Comparer, traduire, communiquer, relativiser, distancier : c'est l'expertise des SHS demain. Mais c'est un vrai changement, car nous sommes très habiles, nous universitaires, à répondre par avance aux  injonctions locales – nous avons été formés à cela. Dans un contexte international, ça ne fonctionne plus du tout et les réponses convenues dans le milieu français ne conviendront pas. C'est le message essentiel de la grève universitaire, selon Jean-Louis Déotte³ .
Le simple fait de s'adresser à une collectivité parlant plusieurs langues, et parler plusieurs langues, enrichit notre réflexion et ouvre aux autres. Pratiquer plusieurs langues professionnelles amène moins la virtuosité de spécialisation que l'écoute et le partage pour expliquer aux autres les logiques qui nous guident. La pluralité des langues professionnelles conduit à une réflexivité, avec des effets collectifs considérables pour toute organisation de la société civile... où nous rencontrons en permanence des épreuves de traduction entre langages différents. S'habituer à parler plusieurs langues dans sa communauté de travail rend apte au dialogue entre communautés professionnelles. La jeune génération doit être poussée à cela.

 

REFONDATION 2.0 ?

Et concernant l'augmentation du nombre d'intellectuels et le nombre considérable de jeunes intellectuels en quête d'emploi ?

Soyons optimistes. Ceux qui s'acharnent à trouver un emploi en SHS auront l'expérience des difficultés d'insertion, bien plus que nous. Seront-ils plus attentifs aux parcours des autres ? Il faut l'espérer, ou redouter la stérilité d'un groupe méprisant les autres professionnels à proportion de sa difficulté à communiquer. Comment rompre avec le modèle de concurrence par la spécialisation ? La spécialisation restera une option, mais doit cesser d'être la voie unique pour les jeunes intellectuels. Il est urgent d'assouplir les barrières corporatives, de cesser d'opposer mobilité professionnelle et statut universitaire. Mettre les compétences au centre, et les soutenir, c'est indispensable en raison même de la fragmentation croissante des métiers intellectuels.
Un travail collégial accru favoriserait cette dimension : des personnes moins inhibées, plus habituées aux dispositifs participatifs, à internet, aux réseaux sociaux, aux blogs, etc., pourront multiplier leurs apports? .

 

Nous avons évoqué les changements qui s'imposent aux professionnels des SHS. Qu'en est-il de la société civile, des collectivités, du monde économique ?

Dans les années qui viennent, les responsables d'administrations et d'entreprises connaitront sensiblement les mêmes évolutions : plus d'interdisciplinarité, de travail en collectif... L'intercompréhension sera plus facile. Les donneurs d'ordre, au sein des administrations ou des entreprises, se trouvent face aux mêmes défis : le multiculturalisme, le plurilinguisme deviennent des évidences pour tous, qu'il s'agisse de produire des hlm ou des produits électroniques... La mixité culturelle et l'anticipation des besoins seront les clés du succès.
Les donneurs d'ordre sont eux-mêmes obligés de s'interroger. Il y a 30 ou 40 ans, quand il manquait des autoroutes, une administration pouvait donner le pouvoir aux ingénieurs pour en faire. Si des attentes étaient mal perçues (un village complètement isolé ou victime de nuisances, etc.), quelle importance ? Aujourd'hui, n'importe quel village sait se faire entendre – on se pose bien plus de questions à chaque fois qu'on investit.  

 

Cela implique-t-il de nouveaux modes d'interaction entre les professionnels des SHS et les donneurs d'ordre ?

Naturellement, pour pallier la complexification des demandes sociales, les demandes adressées aux chercheurs évoluent vers des connaissances plus fines. Les donneurs d'ordre sont également amenés à intégrer leurs demandes aux SHS loin en amont – au lieu de ne les consulter qu'en bout de course. Or, même quand il s'agit de produire de l'électricité, on ne peut plus se passer des SHS : chacun voudra choisir son type d'énergie.?  
De même, les dispositifs dits de démocratie participative introduisent, qu'on le veuille ou non, un changement qualitatif dans la façon de gérer un territoire. Il ne suffit pas d'avoir été élu pour exercer un mandat sans contrôle. Et si contrôle il y a, il ne passe pas seulement par la séduction de l'opinion, mais bien par le contrôle des services rendus et par la manière dont ces services induisent ou non des capacités de paroles? .

 

Les SHS ont-elles aussi pour rôle d'éclairer et de faire vivre le débat public ?

Dans un contexte antérieur, quand un donneur d'ordre public ou privé passait une commande en SHS, le résultat devait être le silence. Les SHS devaient réduire la contestation, on parlait de « consensus ». Aujourd'hui, c'est le contraire. On veut créer du débat. La bonne utilisation des SHS vise à tenir la société en éveil, à mobiliser des acteurs et non à rendre passifs les consommateurs. La démarche est ambitieuse car il ne s'agit plus seulement de produire l'autoroute, la centrale électrique, l'établissement scolaire, mais de créer la collectivité d'utilisateurs qui restera en éveil pour suivre les évolutions de l'équipement ?. Les SHS comptent alors du début à la fin d'un programme. Voyez comment les associations de malades ont changé l'hôpital et ses métiers – professionnels de santé, personnel administratif...

 

Ces évolutions ne se feront pas sans heurts. Quelles difficultés devront surmonter les SHS ?

Ces changements vont donner du travail à toutes sortes de médiateurs. A cette société du dialogue se pose le problème de la masse énorme d'informations à traiter, celui de la conservation, du stockage, du tri des documents produits. Des nouveaux métiers se créent  pour gérer ces stocks indispensables à la recherche et à la société. Nos sociétés sont particulièrement mobiles, et en même temps soucieuses d'entretenir leur mémoire. Une multiplicité de récits en concurrence se substitue aux clichés historiques des sociétés peu éduquées qui tenaient lieu de mémoire collective? . Chaque fraction de la société produit son propre récit, ce qui veut dire que chaque groupe  développe ses propres logiques d'analyse. Au lieu d'un parti politique qui revendique la classe ouvrière, des centres d'études qui travaillent sur tous les aspects de la mémoire ouvrière. Chaque corporation professionnelle, chaque classe d'âge, chaque espace régional, chaque type de vie sociale s'appuie aujourd'hui sur des centres d'histoire de la mémoire, des centres d'archives – une production scientifique et médiatique considérable. Chaque morceau de la société développe des savoirs précis ?. Il n'y a même plus besoin d'une commande publique. Les  SHS distribuent leurs professionnels au service des collectivités d'appartenance et d'affinité.
Les besoins en traitement de l'information devenant gigantesques, on se retrouve dans une société totalement stochastique où les choses se font dans un aléatoire complet et où nous risquons de tomber dans le relativisme intégral. Ce relativisme segmenterait encore la société au point de permettre à des entreprises parfois équivoques de conquérir une légitimité¹° . Dans une société morcelée en microgroupes, un groupe un peu plus puissant peut  tenter une « OPA idéologique » sur une partie de l'opinion publique (par les médias, la publicité, etc.). Que chacun ait sa mémoire ne pose pas problème mais cela peut faire litière à des opérations de relations publiques faiblement contrôlées par la société. D'où l'importance de l'approche documentaire des « veilleurs », des prospectivistes et des agrégateurs de contenus ¹¹.

 

Les professionnels des SHS pourraient-ils veiller à ce que ces différents savoirs et récits soient perceptibles ?

Face à cette multiplicité d'informations en circulation, les médiateurs sont essentiels, ce sont les gardiens d'une mémoire complexe. Les intellectuels ont à revendiquer une forme de complexité de la mémoire, complexité des archives et du croisement des histoires. Les pouvoirs publics, comme les entreprises et la société civile doivent savoir que le rôle des SHS n'est pas seulement de simplifier. A l'abondance de la documentation et des archives ne peut pas correspondre une simplification de l'histoire qui ferait le jeu des relativistes¹² . Si on veut éviter la juxtaposition de provincialismes étriqués, il est essentiel de conforter le rôle des SHS dans un certain rapport à la complexité à laquelle j'associe le travail en collectif, le travail de traduction et de communication ¹³.
Les producteurs de SHS ne sont pas des communicants juste bons à faire passer des messages. Si c'est ce qu'on espère, qu'on ne s'étonne pas qu'ils se défilent, que le message ne passe pas bien, ou qu'il reste sans effet. Un bon usage des SHS renvoie à une pluralité d'interprétations : c'est là notre « site » commun.

 

Comment pourrait-on évaluer ces nouvelles manières de travailler, beaucoup plus  complexes ?

L'évaluation n'est pas autre chose que la poursuite du dialogue. Les modules d'évaluation se trouvent impliqués dans la parole. Quand on demande aux SHS de participer à un programme, il ne s'agit pas d'obtenir le silence des utilisateurs mais de susciter une parole, à toutes les phases. L'évaluation est là. Si vous êtes capables de monter un centre culturel et que les gens expriment leurs choix d'usages, vous avez gagné. Bien sur, il y a des éléments objectifs : nombre d'entrées, temps de présence, places de parking, plaintes pour tapage nocturne, etc. mais rien ne vaut l'écoute¹? . Prenez un centre culturel de banlieue, animé par une équipe dynamique et dévouée, mais déserté ou chahuté par les jeunes. Ce n'est que par l'établissement de la parole que les demandes des jeunes seront entendues et comprises. S'ils ne souhaitaient pas du rock mais du rap et qu'en fin de compte la programmation change et que l'équipe intègre des  jeunes, du quartier, on établit un lien social bien plus fort.
Le dialogue est un indicateur des plus précieux. La diversité des cultures, des langues est centrale, mais si les évaluateurs tiennent à ne pratiquer que leur propre « langue » tandis que les évalués exigent de donner leur sentiment dans la leur, le clash n'est pas loin. Toute administration véhicule des éléments d'anthropologie ¹?.

 

DES SAVOIRS IMPLICITES AUX SAVOIRS IMPLIQUES

Ce pluralisme linguistique est autant une richesse qu'un obstacle à lever pour se comprendre, y compris au sein d'une même structure. N'est-ce pas là le défi permanent de la société civile et des donneurs d'ordre quand ils s'adressent à la communauté scientifique ?

Il est très important que chacun ait conscience qu'à travers les demandes adressées aux SHS, c'est leur propre pluralité interne qui doit se trouver magnifiée. Une administration est aujourd'hui un feuilletage complexe, alors qu'on a toujours l'impression qu'elle s'adresse d'une seule voix aux chercheurs. Il faut changer cela : si la communauté de chercheurs est plurielle, complexe, ramifiée, multilingue, etc., il en va de même de la communauté administrative. Il y a plusieurs cultures dans l'administration, sa complexité interne est plus forte que ce que chacune des directions voudrait faire prévaloir dans son discours public.
Une des dimensions fondamentales des prochaines décennies serait que les administrations demandent à la société civile et aux chercheurs en SHS de l'éclairer elle-même sur ses « allant-de-soi », ses décisions, sa mixité professionnelle, de recrutement, de carrière et d'évaluation. Si l'administration veut se connaître elle-même, ses comportements devraient faire l'objet d'une réflexivité aussi poussée que celle qui a lieu dans les domaines de la connaissance. En effet, un « corps », quel qu'il soit, est mal placé pour produire en son sein des analyses qui supposent un regard extérieur « non-complice ». Encore une complexification qui intéressera des chercheurs en SHS, et qui exigera toujours ces fonctions de traduction et de réflexivité.

 

Toutes ces évolutions supposent également une transformation des modèles universitaires...

Les savoirs impliqués, interdisciplinaires, dialoguants... doivent faire partie aujourd'hui des formations dispensées en SHS. Ils sont l'avenir des SHS, à coté des métiers de la culture, des médias, des services RH, de la communication des entreprises, des métiers liés à l'université, aux administrations. La société et l'université devront travailler de plus en plus ensemble. Après le baccalauréat, chacun doit-il entrer dans une sorte de « séminaire » studieux coupé de toute demande sociale ? Et si les experts ainsi formés devaient être concurrencés par des spécialistes brillants et dotés de l'expérience de la mixité sociale ? C'est ce qui se produirait en mêlant aussi les âges au sein des universités. Ce pourrait être un moyen pour doter notre système d'une capacité de dialogue sans dévaloriser le savoir.

 

Cette capacité de dialogue au sein des formations universitaires ne passera que par davantage d'ouverture vers des profils variés...

L'intégration des jeunes de banlieues dans les différents cursus de l'enseignement supérieur n'est pas un acte charitable ou destiné à calmer une population qui peut se sentir dévalorisée. Il y va aussi des capacités de notre société à renouveler cette dynamique, à créer de la solidarité réelle, à rester innovante : dans la séparation sociale, l'innovation se réduit très vite.
C'est un problème très important pour les SHS : comment conjuguer cette différenciation des parcours avec la recherche et l'innovation ? C'était naturel au 19ème siècle et jusque dans les années 1960. Les parcours sociaux étaient beaucoup plus variés parce que les parents et les grands-parents des lycéens de l'époque n'étaient pas des « lettrés ». Les parcours de réussite républicains du 20ème siècle accompagnent une société capable d'innover : chaque personne formée avait le souci de son milieu d'origine. Par contraste, l'individualisme, le souci de carrière, faire fortune ou maintenir l'héritage sont (re)devenus des projets : sont-ce les mêmes qui cherchent la sécurité du parcours et l'innovation sociale ? Alors qu'on aurait pu imaginer qu'une société plus riche et plus éduquée aurait été plus généreuse, l'ouverture et le partage ont fait place, sous l'impulsion des plus diplômés, aux ségrégations spatiales et sociales .
Ce n'est donc pas de la multiplication des savoirs que viendra l'innovation, mais du retour à une plus forte mixité sociale. Nos universités trouveront ainsi le moyen de redevenir innovantes. L'université s'est sclérosée par excès de spécialisation et de mimétisme des carrières. Faisons aujourd'hui avant tout confiance aux étudiants, aux jeunes, ouvrons leur grand les occasions de rencontres. Beaucoup peuvent réussir, il suffit de pas grand chose pour leur offrir des parcours de réussite . Sur ce point, ni l'Europe ne me fait peur, ni la transformation des parcours professionnels, ni la variété des origines religieuses. Tout le monde ne deviendra pas mandarin à l'université : tant mieux ! Il faut viser l'intercompréhension entre les professions. C'est à cela que servent les ateliers d'écriture, le travail en collectif, les sites participatifs, les blogs, les dialogues sur internet, etc. Après en avoir pris conscience, il nous reste juste à être ambitieux pour les jeunes Européens.

 

¹ titre de M. Crozier en...  1970 ! L'auteur s'y réfère encore à propos d'aujourd'hui.  http://www.sens-public.org/spip.php?article509 . Son partenaire Ehrard Friedbeg, s'exprimant sur la crise universitaire, regrette qu'on veuille rendre le pouvoir aux acteurs sans associer ces derniers à la mise en place alors qu'ils s'angoissent de troquer un statut de déclassement bureaucratique pour entrer dans une évaluation dynamique. Cf : http://mobile.lemonde.fr/opinions/article/2009/05/15/universite-de-l-inertie-institutionnelle-a-l-incompetence-de-nos-gouvernants-par-erhard-friedberg_1193529_3232.html
² Cf : entretien avec François Bourdoncle, fondateur d'Exalead http://www.eweekeurope.fr/interview/francois-bourdoncle-exalead-structurer-l-information-pour-l-injecter-dans-les-processus-metiers-194?page=2
³ http://www.sens-public.org/spip.php?article688 L'auteur remarque l'absence d'expérience du travail collectif et l'impossibilité subséquente d'une évaluation. « Ce qui est jugé, c’est l’intégration de tel ou tel dans une collectivité où le critère essentiel est celui des services rendus et non pas la qualité des articles publiés. La qualité essentielle que l’on attend du candidat, c’est la patience liée à la compréhension qu’il doit avoir concernant le temps qu’il lui reste à faire ses preuves. Dès lors, comment les universitaires pourraient-ils agir collectivement ? » A ses yeux, la concentration des universitaires sur leur « vocation » leur masque les rapports de force sociaux. Ils ne pourraient devenir majeurs, selon une référence explicite à Kant, que si leurs travaux étaient menés dans le cadre de « commandes » à durée limitée exigeant la constitution d'équipe aptes à les mener.
?  cf : Institute for Network Cultures (Amsterdam, Geert Lovink). Et le projet des « Arts politiques » à Sciences Po. Paris par Bruno Latour
?  Michèle Rivasi est ainsi passée de la science à la politique en développant le CRIIRAD, selon une démarche qui rappelle celle des savants (Einstein et Russell) qui ont  créé le groupe Pugwash http://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_Pugwash  Cf : J-J. Salomon (CNAM), conférence au groupe-séminaires de l'ENS de Lyon http://www.ens-lyon.fr/asso/groupe-seminaires/seminaires/voirsem.php?id=jjsalomon
?  Interventions de Pierre Rosanvallon (Collège de France) le 14 mai à l'Ens lsh et le 1er juillet 2008 à la Région Rhône-Alpes. Rosanvallon a organisé à deux reprises un vaste forum démocratique d'envergure nationale à  Grenoble.
? Conférence de Michel Lussault à l'ENS lsh, 23 avril 2009
?  D'abord lié à la schématisation et à l'oubli progressif (Halbwachs), ce concept a été transformé : La Rize, centre mémoire et société de Villeurbanne est centré sur une tout autre approche ; de même l'histoire de la Résistance par les témoins chez Laurent Douzou (IEP de Lyon).
?  Cf Musée des Arts premiers, Musée des Confluences, et les travaux de Gérard Noiriel, François Hartog, Achille Mbembe...
¹° Les « tribus » de Michel Maffesoli, voir l'entretien avec Michaela Fiserova  http://www.sens-public.org/spip.php?article193
¹¹ Voir des portails documentaires comme Revues.org, Cairn ou Eurozine.com ; Une partie de l'avenir du journalisme passera par cette capacité à agréger des documents épars selon des perspectives organiques :http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/05/30/un-quotidien-cible-et-accessible-sur-le-web-c-est-l-avenir-de-la-presse-selon-l-association-mondiale-des-journaux_1200238_3234.html#ens_id=1200494
¹²  Voir Théry, Irène, La distinction de sexe, O. Jacob, 2007, le site www.liens-socio.org de Pierre Mercklé (ENS lsh).
¹³  Michel Serres a particulièrement insisté sur cette dimension.
¹?  Martin Buber, Paul Ricoeur,
¹? Foucault, Michel, Surveiller et punir,  Gallimard, 1975 ; Geneviève Fraisse l'a montré pour l'histoire des femmes.
¹? Marie-Christine Jaillet, in Actes du cycle Grand Lyon/ENS, 2007-2008, Individualisme et dynamiques collectives.
¹? Voir le programme « Trait d'union Multicampus/Multiquartiers » développé à l'ENS lsh sous l'impulsion de Wafaa Fawzi