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Hélène Fantinutti et Jean-Baptiste Lesort : Développer des compétences dans la filière automobile

Interview de Hélène Fantinutti et Jean-Baptiste Lesort

Portraits de Jean-Baptiste Lesort & Hélène Fantinutti
© DR
Directrice de l’axe Développer du pôle de compétitivité CARA, et Vice-président Enseignement Supérieur, Recherche et Développement des Compétences du pôle de compétitivité CARA et Directeur de l’ENTPE

La Direction de la Prospective et du Dialogue Public s'intéresse à l'offre de formations privées sur le territoire de la Métropole de Lyon. L’enseignement supérieur privé se développe rapidement, et interroge sur leur rôle et leur complémentarité avec les établissements publics.

L'association CARA (European Cluster for Mobility Solutions), forte de 200 membres en Auvergne-Rhône-Alpes, travaille sur les enjeux de mobilité urbaine et les véhicules d'avenir. CARA développe deux missions principales : représenter les secteurs automobiles locaux et aider à la transformation des transports des personnes et des biens dans les zones urbaines. 

Hélène Fantinutti est directrice de l'axe « Développer » du pôle de compétitivité CARA, et Jean-Baptiste Lesort est vice-président « Enseignement supérieur et développement des compétences » du pôle, ainsi que directeur de l'ENTPE (École Nationale des Travaux Publics de l'État). Dans cet entretien, ils abordent les mutations rencontrées par la filière automobile et leurs conséquences en matière de compétences, ainsi que les actions déployées par le pôle CARA pour y faire face.

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Date : 08/04/2020

La disponibilité et l’accès aux compétences apparaissent de plus en plus comme un levier clé de compétitivité des entreprises tournées vers l’innovation. Comment s’exprime cet enjeu pour les entreprises du pôle de compétivité CARA ?

Ce changement d’état d’esprit des nouvelles générations, ce moindre sentiment d’appartenance à l’entreprise, posent question à nos adhérents

Hélène Fantinutti : Pour les entreprises, l’enjeu des compétences se manifeste en premier lieu à court terme car nombre d’entre elles nous font remonter régulièrement leur difficulté à recruter sur leurs métiers actuels. C’est le cas en particulier des entreprises dont l’activité principale porte sur la fabrication. Elles ont besoins de techniciens capables de faire tourner leurs machines, qui sont souvent des machines numériques, en fonction de leur carnet de commande. Cette difficulté renvoie à plusieurs facteurs.

Sur certains bassins d’emploi et en particulier dans les deux Savoie et du côté de l’Ain, les entreprises constatent une fuite des talents et des compétences vers la Suisse qui offre de meilleures rémunérations. Les entreprises font donc face à une difficulté à attirer et surtout à garder les compétences.

Ensuite les entreprises observent également une évolution des aspirations des jeunes diplômés. On constate assez souvent que l’entreprise accueille l’ingénieur qui sort de l’école, le forme en interne les premières années et au moment où il devient pleinement opérationnel, il peut aspirer à d’autres expériences, comme par exemple voyager et découvrir le monde. Ce changement d’état d’esprit des nouvelles générations, ce moindre sentiment d’appartenance à l’entreprise, posent question à nos adhérents.

Enfin, de manière plus structurelle, on constate que la voie professionnelle dans les métiers de la filière automobile souffre d’un déficit d’attractivité. Les formations existantes ont parfois du mal à recruter des étudiants. De moins en moins de jeunes se tournent vers cette filière dont les métiers apparaissent plus rudes, moins dans l’air du temps et moins rémunérateurs que ceux de la filière numérique par exemple. Cet enjeu n’est pas le moindre car c’est beaucoup plus difficile de redorer l’image d’une filière que de la dégrader. L’énergie à déployer pour gagner des points d’image est considérable.

Jean-Baptiste Lesort : Je souligne cet enjeu de perte d’attractivité de certaines filières de formation pour des étudiants qui, comme nous le voyons au niveau de notre école, sont de plus en plus sensibilisés aux enjeux de transition écologique. Dans ce contexte, l’automobile et la route sont parfois considérées comme des filières peu sensibles aux exigences du développement durable de la planète. Ces perceptions ont quelque chose de légitime, mais sont un peu courtes car la transformation des filières en question est justement indispensable pour répondre aux enjeux de transition écologique. Cela suppose de former les personnes dont elles ont besoin pour accomplir ces transformations. In fine, c’est l’ambition de la filière automobile et des écoles qui forment à ses métiers en matière de transition qui se trouve challengée.

Au-delà des besoins de compétences immédiats, les entreprises de la filière automobile expriment-elles également des besoins de compétences plus émergents ou un besoin d’anticipation des compétences dont elles auront besoin à moyen terme ?

Ce bouleversement de l’écosystème de la filière automobile pose de sérieux défis aux entreprises traditionnelles pour se positionner par rapport à ces mutations qui impliquent une évolution de leur propre périmètre et donc de leurs métiers

Hélène Fantinutti : Oui tout à fait. Cela découle des mutations profondes que connait la filière. Elles sont de trois ordres : 1/ La transition écologique avec la transformation du mix énergétique au profit des motorisations hybrides, électriques (batterie et hydrogène), GNV [gaz pour véhicule],…; 2/ La transition numérique à travers la digitalisation des véhicules et de l’outil de production ; 3/ Des évolutions sociétales qui impliquent un autre rapport à l’automobile à travers la montée des offres de services de mobilité.

Concernant la digitalisation, il faut bien distinguer ce qui relève des véhicules et ce qui concerne l’outil de production. Les véhicules deviennent plus complexes, avec de plus en plus de systèmes électroniques embarqués, d’électronique de puissance. Il y a une tendance de plus en plus forte en faveur des pièces dites mécatroniques ou plastroniques, c’est-à-dire intégrant de l’électronique. Or cela renvoie à des savoir-faire qui ne sont pas le cœur de métier historique de la filière automobile qui était plutôt orientée mécanique ou plasturgie. On voit bien l’enjeu que cela soulève en termes d’acquisition de nouvelles compétences en matière d’électronique pour les entreprises. D’autre part, la digitalisation de l’outil de production se déploie pour gagner en compétitivité, être plus efficient, au niveau des ERP (Enterprise Resource Planning : système d’information permettant de gérer et suivre au quotidien l’ensemble des processus opérationnels d’une entreprise), de la supply chain, de l’outil de travail. Là aussi, un conducteur de ligne de production ou un opérateur de maintenance sont amenés à évoluer vers de nouvelles compétences qui vont au-delà de réglages mécaniques pour maîtriser de nouveaux outils et applications numériques.

Cette évolution aussi bien des produits fabriqués que des outils de production soulève donc des besoins de nouvelles compétences sur des métiers existants, mais aussi des besoins de compétences relativement neufs pour la filière automobile liés aux nouvelles technologies. Les enjeux concernent non seulement la formation initiale pour intégrer de nouvelles compétences mais aussi la formation continue pour accompagner les salariés vers les nouvelles compétences qui sont attendues sur leurs métiers. Ces mutations enclenchent une forte accélération du changement dans la filière automobile. C’est quelque chose d’assez nouveau pour une filière qui était plutôt marquée par des évolutions assez lentes et cycliques par le passé.

Jean-Baptiste Lesort : Pour compléter le propos, il est important de souligner que ces mutations fortes impactent le périmètre même de ce que l’on entend traditionnellement par filière automobile. D’une part, les entreprises de la filière sont amenées à intégrer des technologies et des savoir-faire qui se sont développés jusqu’ici en dehors. On pense notamment à l’électromobilité et l’hydrogène qui connaissent un développement spectaculaire dans la filière. On observe des mutations sur des éléments fondamentaux tel que la fabrication des pièces, avec le passage de méthodes de type fonderie à des méthodes de types fabrication additive, ce qui change en profondeur les métiers de conception et de production. D’autre part, le déplacement de l’automobile vers la notion de système de mobilité, voire de service de mobilité ou « mobility as a service » fait que l’on voit des entreprises extérieures à la filière investir rapidement le champ du transport et de la mobilité, et notamment autour des nouveaux services numériques. Je ne vais pas vous parler d’UBER que tout le monde connait.

Ainsi on constate que le périmètre de la filière automobile se transforme et tend à s’élargir en intégrant la question des véhicules dans un système de mobilité plus global. Ce bouleversement de l’écosystème de la filière automobile pose de sérieux défis aux entreprises traditionnelles pour se positionner par rapport à ces mutations qui impliquent une évolution de leur propre périmètre et donc de leurs métiers. Dès lors la question du périmètre des métiers de l’automobilité, et des compétences qu’il y a derrière, apparaît particulièrement évolutive et complexe. En même temps les entreprises ne peuvent pas se permettre d’attendre d’avoir tiré toutes les implications de ces évolutions pour avancer en matière de compétences. Elles sont obligées de faire des paris : « nous pressentons que ce qui va se développer c’est cela et nous investissons en conséquence dans tel ou tel champs de compétences ».

Dans quelle mesure les entreprises du pôle développent-elles des démarches de gestion des compétences à leur niveau ?

Hélène Fantinutti : Cela dépend de la taille et de la capacité de l’entreprise. Certaines entreprises, souvent des grands groupes, disposent d’une université ou d’une école d’entreprise adossée à un service de formation structuré. Ils sont en capacité d’organiser des parcours d’intégration au poste et de formation interne. Ce sont souvent des industriels qui disposent également d’équipes de R&D et qui, de fait, ont l’expertise sur les métiers d’avenir et les besoins de contenu de formation qui en découlent. Et ils disposent de l’ingénierie pédagogique permettant de monter des formations adaptées. Ces entreprises ont généralement également une vision stratégique du développement des compétences. Lorsque le déploiement de la maintenance préventive, de la fabrication additive, de telle nouvelle ligne de production… sont un objectif stratégique pour l’entreprise, cela donne un cadre assez clair aux compétences à développer et aux formations à mettre en place. Il faut cependant garder en tête que la finalité de ces entreprises n’est pas de faire de la formation externe. Cela veut dire qu’ils ont aussi besoin d’embaucher des personnes qui disposent d’un socle de compétences minimal, sur lequel ils vont pouvoir s’appuyer derrière.

Pour d’autres structures de plus petites tailles il est plus difficile de mettre en place et de disposer de ce type d’accompagnement et de formation des salariés en interne. C’est d’autant plus vrai lorsqu’elles ne disposent pas d’un service RH structuré dans ce sens.

L’écart se voit aussi au niveau du lien entre développement des compétences et stratégie d’entreprise. Dans certaines entreprises, la vision stratégique peut faire défaut et constituer un frein pour identifier et choisir les compétences que l’entreprise doit développer. Cela peut se traduire par une certaine ambigüité dans les difficultés de recrutements : l’entreprise peine à recruter, mais cette situation peut révéler une difficulté à définir et prioriser les compétences qu’elle recherche et donc à formaliser un poste à pourvoir clair et cohérent.

Quelles actions sont conduites par le pôle en matière de gestion des compétences ?

Quels besoins de compétences et d’emplois du secteur à court, moyen et long terme ?

Hélène Fantinutti : Dans le cadre de l’axe « Développer », le pôle CARA a pour mission d’accompagner les entreprises sur le volet industriel, sur les enjeux opérationnels au quotidien. L’enjeu du recrutement, de l’anticipation et de l’accès aux compétences fait partie de nos préoccupations et de nos actions. Sur ce volet, il est important de rappeler que la filière automobile est structurée en France autour de la Plateforme Automobile (PFA – Filière Automobile et Mobilités). Celle-ci rassemble l’ensemble des partenaires (constructeurs, équipementiers, sous-traitants et acteurs de la mobilité) pour définir et mettre en œuvre la stratégie de la filière française en matière d’innovation, de compétitivité, d’emploi et de compétences. En 2016, la PFA a déposé un PIA (Plan d’Investissement d’Avenir) intitulé « Attractivité, Compétences, Emplois ». Il répond à un besoin d’anticipation de la filière face aux mutations économiques, technologiques et sociétales : quels besoins de compétences et d’emplois du secteur à court, moyen et long terme ? Cette initiative découle entre autre, d’une étude prospective sur les besoins en compétences de la filière automobile réalisée par l’observatoire des métiers de la métallurgie qui a permis d’identifier les métiers en tension et les métiers en mutation, ainsi que les besoins de compétences associés. Sur la base de ce travail, tous les pôles automobiles en région ont été mobilisés afin de se positionner sur le sujet, de proposer des projets pour intégrer ce PIA national. Au niveau de la région Auvergne-Rhône-Alpes et de CARA, nous sommes co-porteurs avec l’Education Nationale d’un projet permettant de créer des parcours de formation, en lien avec un projet de création de Campus des Métiers et des Qualifications.

Pouvez-vous préciser en quoi consistent les Campus des Métiers et des Qualifications ?

Un Campus des Métiers et Qualifications [CMQ] réunit sur un territoire donné un ensemble d’acteurs afin de construire une offre de formation initiale et continue autour d’une filière à fort enjeu au plan économique

Jean-Baptiste Lesort : Les Campus des Métiers et Qualifications (CMQ) sont un dispositif national lancé par le Ministère de l’Education Nationale et de la Jeunesse et le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Un CMQ réunit sur un territoire donné un ensemble d’acteurs – établissements d'enseignement secondaire et supérieur, organismes de recherche, rectorats, DIRECCTE (Directions Régionales des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi), collectivités, entreprises, pôles de compétitivité, clusters, plateformes technologiques, etc. – afin de construire une offre de formation initiale et continue autour d’une filière à fort enjeu au plan économique. Le CMQ constitue donc un cadre de coopération privilégié entre le milieu des entreprises et le milieu de l’enseignement (avec une approche large couvrant le secondaire et le supérieur) pour répondre aux enjeux d’emploi et de développement des compétences sur les territoires. Le label CMQ délivré par le Ministère de l’Education permet de disposer de moyens pour financer tout ou partie de l’animation du dispositif. On compte une dizaine de CMQ en région Auvergne-Rhône-Alpes, portés par le Rectorat et soutenus par la Région.

Quelles actions sont menées par le CMQ ?

Hélène Fantinutti : Dans le cadre du projet CMQ « Auto’Mobilités », nous travaillons depuis deux ans à l’anticipation des compétences autour du sujet de l’électromobilité, c’est-à-dire l’électrification des chaines de traction. Le CMQ vise en particulier à rendre les métiers et les formations de la filière attractifs et à développer une ingénierie pédagogique et une offre de formation initiale et continue en phase avec les évolutions techniques et économiques de la filière. A ce titre, plusieurs actions sont déployées parmi lesquelles :

  • L’analyse de l’impact de l’électromobilité sur les besoins de compétences ;
  • La réalisation d’une cartographie des formations existantes ;
  • La mise en place de projets collaboratifs et de moyens d’expérimentation par la pratique à travers la plateforme 3PE (Plateforme Pédagogique Partagée de l’Électromobilité) ;

Le développement d’un plan de communication et d’information sur les métiers et les parcours de formation.

Comment travaillez-vous en particulier sur l’identification des besoins de compétences ?

Hélène Fantinutti : Sur ce plan, nous pouvons nous appuyer sur l’étude de l’observatoire des métiers de la métallurgie de 2016 que j’évoquais précédemment et qui a été réactualisée fin 2018. De plus, à l’initiation du projet de PIA et de Campus, nous avons réalisé en 2017 une étude pour identifier l’écosystème de la filière automotive en Auvergne-Rhône-Alpes. Nous avons également réalisé en 2019 une étude sur l’impact du véhicule autonome sur les besoins de compétences dans le transport routier de marchandises en partenariat avec la FNTR (Fédération Nationale du Transport Routier). Nous disposons donc d’études récentes, même s’il est important de les actualiser régulièrement car les évolutions sont rapides. Entre les études de 2016 et de 2019, nous avons vu apparaitre de nouveaux métiers en tension, de nouveaux métiers en péril et des besoins de compétences nouveaux. Je prends un exemple : en 2016, l’hydrogène était encore un sujet de réflexion en devenir. En 2020, dans notre région, l’hydrogène est devenu une thématique importante avec de nombreux projets opérationnels portés par des industriels, des centres de recherche, la Région… La question des compétences associées devient donc prégnante. Or réactualiser ces différentes études demande du temps et des ressources, ce qui implique de trouver des financements aussi bien publics que privés. De ce point de vue, la difficulté est d’arriver à identifier des financeurs privés qui acceptent d’investir pour anticiper les évolutions de nouvelles technologies et les besoins induits en termes de compétences. La mobilisation des acteurs économiques est un travail de longue haleine.

Jean-Baptiste Lesort : J’ajoute qu’une manière complémentaire d’appréhender les compétences de la filière est de se pencher sur l’offre de formation existante et les compétences qu’elle permet d’acquérir pour les étudiants. C’est un travail de cartographie que nous sommes en train de conduire en région au niveau du pôle CARA. L’une des difficultés que l’on rencontre, qui vaut également pour l’étude des besoins de compétences, est encore une fois celle du périmètre de la filière que l’on souhaite analyser : où mettre la limite compte tenu des mutations que nous avons évoquées précédemment ?

Hélène Fantinutti : Dernière précision, ce travail de cartographie des formations couvre non seulement la filière automobile/routière mais également les formations concernant les autres formes de transport (ferroviaire, fluvial…) pour voir dans quelle mesure certains besoins de compétences peuvent être adressés par ces dernières et identifier des manques de manière plus large en se plaçant d’un point de vue « système de mobilité ».

Comment ces éclairages sont-ils mis en discussion entre les acteurs économiques et les acteurs de la formation ?

Jean-Baptiste Lesort : In fine, ces éclairages ont vocation à être partagés avec ces acteurs afin de confronter l’offre et les besoins de compétences et construire une vision commune de ce qui matche bien aujourd’hui, des besoins nouveaux insuffisamment couverts par l’offre de formation existante et qui doivent être mieux anticipés par les acteurs de la formation. Le Campus des Métiers et des Qualifications est bien évidemment un lieu d’échange important, ainsi que le pôle CARA qui compte plusieurs organismes de formation et de recherche parmi ses membres.

La métropole lyonnaise fait l’objet par ailleurs d’un nombre croissant de projets d’implantation d’écoles d’enseignement privés. Comment ces initiatives peuvent trouver leur place et leur utilité compte-tenu des besoins de compétences et de l’offre de formation existantes sur le territoire ?

Il est possible de raisonner à partir d’un projet d’implantation donné, des compétences qu’il propose et de voir dans quelle mesure ce projet est cohérent et complémentaire au regard des besoins et de l’écosystème de formation existant, en mettant autour de la table les acteurs concernés sur le territoire

Jean-Baptiste Lesort : Il me semble très difficile et probablement illusoire de définir un cadre précis et exhaustif permettant de dire instantanément quelle peut être la plus-value de tel ou tel projet d’implantation d’une nouvelle école sur le territoire. J’ai en tête un cas concret qui incite à adopter une posture plus pragmatique. Cet exemple concerne non pas la filière automobile mais le secteur du BTP et le cas d’une école qui a récemment étudié les possibilités d’implanter un établissement dans la Métropole. Cette école a commencé par mener un ensemble de discussions avec les établissements d’enseignement supérieur travaillant dans le même secteur professionnel. Elle a également sollicité le point de vue des fédérations professionnelles. Cela a permis notamment de faire ressortir le fait que cet établissement se positionnait sur des métiers en forte tension sur la région et donc qu’elle peut venir utilement compléter le paysage de l’enseignement supérieur lyonnais.

À mon sens, cette manière de procéder me parait être la bonne. Plutôt que de chercher à dessiner l’ensemble du puzzle de manière à savoir si une nouvelle pièce trouverait sa place, il est possible de raisonner à partir d’un projet d’implantation donné, des compétences qu’il propose et de voir dans quelle mesure ce projet est cohérent et complémentaire au regard des besoins et de l’écosystème de formation existant, en mettant autour de la table les acteurs concernés sur le territoire. A ce titre, le pôle CARA peut jouer un rôle utile pour échanger avec la Métropole sur ce type de sujet, avec une capacité à élargir la discussion auprès des organismes de formation et des acteurs économiques du territoire.