Nazir Hakim : Oui, c’est un facteur. La loi interdit les signes religieux à l’école publique mais elle ne s’applique pas dans les écoles sous-contrat et hors-contrat. Ici, il y a des enfants voilés et non voilés. Ce qui importe, ce sont les résultats. Une fille voilée qui n’a pas envie de venir, un enfant qui ne travaille pas n’ont pas leur place ici. Notre engagement est seulement scolaire : travailler sur les comportements des enfants, leur encadrement, leur réussite scolaire et leur projet professionnel.
Yassine Benzada : Je suis contre les écoles spécialisées. Venir à Al Kindi, c’est chercher l’excellence. Pour les convictions religieuses, il faut aller dans une mosquée, une église, une synagogue ou un temple. En tant que directeur, j’ai accepté une élève juste sur sa motivation à réussir le bac avec mention très bien. Je suis convaincu qu’un élève qui vise la mention très bien sera un bon citoyen. Ma plus grande déception serait qu’ils deviennent des machines : des machines à travailler, des technocrates purs et durs qui ne sont plus porteurs d’aucune valeur, qui ont perdu l’humanisme et l’espoir dans la vie. Pour nous, la vie est sacrée. Celui qui sauve une vie, sauve l’humanité et celui qui fait perdre une vie, perd l’humanité. C’est un message coranique. Ce sont des principes simples mais qui embellissent la vie, permettent d’être plus heureux, de ne pas craindre l’altérité et d’accepter tout le monde sans jugement. Jugeons les actions plutôt ! Notre but est de construire des citoyens fiers de ce qu’ils sont et font, qui soient à l’aise avec autrui et en capacité de mettre autrui à l’aise. C’est l’utopie, c’est Platon.