Michel Desmurget : « C’est l’ensemble de notre humanité qui est impacté par les écrans »
Interview de Michel Desmurget
directeur de recherches en neurosciences à l'INSERM, à l'Institut des Sciences Cognitives Marc Jeannerod
Interview de Sophie Rabhi-Bouquet
<< Cette école s’inscrit dans la transition. La base ici c’est l’écologie, notamment l’écologie humaine. >>.
Les écoles hors contrat connaissent un véritable essor depuis quelques années. Attirant les déçus du système scolaire public, qu’ils soient enseignants ou parents d’élèves, les publics ayant des besoins particuliers, ceux qui ne trouvent pas de place dans le système privé sous contrat ou encore les adeptes de pédagogies nouvelles, ces écoles constituent de l’aveu même du Ministère de l’éducation nationale un « angle mort » du paysage éducatif français.
Dans le cadre d'une étude réalisée pour comprendre le secteur de l’enseignement privé hors-contrat, M3 a rencontré quelques-uns de ses représentants/acteurs.
Avec bientôt 20 d’existence, l’’école de La Ferme des Enfants évolue en adoptant le modèle d’école démocratique pour mieux atteindre ses objectifs de former des citoyens aptes à être des forces de proposition et d’actions dans un monde en plein bouleversement, à porter la transition écologique et humaine vers une société plus bienveillante. L’école est partie prenante d’un écovillage à vocation pédagogique et intergénérationnelle : le Hameau des Buis.
Au cours de cet entretien, la fondatrice et actuelle directrice de la Ferme des Enfants revient sur les valeurs et le fonctionnement de l’école, les difficultés rencontrées et les solutions mises en œuvre depuis sa création.
Comment est née l’envie d’ouvrir une école alternative ?
J’ai commencé à faire de l’animation lorsque la ferme parentale est devenue un centre de vacances et de loisir. Puis je suis devenue maman et toute une réflexion m’a amené à accoucher à la maison, à allaiter à la demande, à faire du cododo, à se mettre dans l’écoute empathique des pleurs. Tout ce parcours-là de « nouveau parent » m’a conduite à me questionner sur l’instruction. Je n’imaginais pas mettre mes enfants dans une école publique. Comme l’instruction est obligatoire mais pas la scolarisation, je pouvais soit instruire à la maison ou ouvrir une école différente. La Ferme des enfants a ouvert en 1999 avec 15 élèves et aujourd’hui, en accueille 80 de la maternelle au collège. Une section pour les 16-25 ans « les GAJA, grands ados, jeunes adultes » et une université de la transition (l’Université Vivante ont été ouvertes en 2016.
Quelle est la philosophie de l'école ?
Cette école s’inscrit dans la transition. La base ici c’est l’écologie, notamment l’écologie humaine. Nous réfléchissons beaucoup au devenir des enfants. Le plus important, c’est qu’ils soient heureux. C’est une bonne base pour la vie, quel que soit l’avenir qui les attend. Nous avons aussi à cœur qu’ils soient vraiment respectés et aient une liberté d’actions, de mouvements, de choix. C’est donc une école où les enfants sont libres de choisir leur apprentissage, de circuler d’un lieu à l’autre... Il y a peu d’exigence qui pèsent sur eux. Je me suis beaucoup inspirée du travail d’Alice Miller sur la transmission de la violence et la manière dont un être humain qui a subi de la violence, met en acte cette violence par la suite. Nous sommes dans des systèmes extrêmement violents que ce soit entre humains, entre nations, au sein des entreprises ou envers nous-mêmes. Le stress, la pollution, la malbouffe participent d’une maltraitance ordinaire. Notre rapport aux enfants repose sur une violence banalisée, un système de domination, un système punitif qui comprend beaucoup d’attentes : que l’enfant obéisse, qu’il donne satisfaction, qu’il soit performant, qu’il ait des bonnes notes, qu’il réponde aux idéaux de ses parents du mieux possible... S’il ne le fait pas ; il est sanctionné. Les adultes ont beaucoup de droits sur les enfants. Mais je ne crois pas qu’un monde équitable puisse se construire sur ces bases : l’enfant absorbe tout ce qu’on lui propose, il s’adapte. S’il doit fonctionner dans une logique de domination, ce n’est pas étonnant qu’il perpétue cette logique par la suite. Donc, nous travaillons beaucoup sur ces questions. Ici il n’y a pas de punitions, pas de sanctions, pas de récompense, pas de notes sauf à la demande pour ceux qui préparent un examen et qui souhaitent être évalués.
Vous portez aussi une réflexion écologique ?
Oui en questionnant le modèle de société qui est obsolète : il faudrait trois planètes et demie pour arriver à poursuivre ce mode de vie. On a encore l’impression de vivre dans l’opulence mais, à un moment donné, tout ça va s’écrouler. Il faut que les enfants d’aujourd'hui soient familiers avec de nouveaux modes de vie et qu’ils puissent être des forces de propositions, des forces d’action pour faire face à un avenir qui risque d’être perturbé. Nous n’avons pas forcément toutes les réponses, mais ces questions fondent la culture commune de l’école et ont été appropriées par les enfants. Pour eux, il n’y a rien d’étonnant à faire ses besoins dans de la sciure, économiser l’eau, trier ses déchets, penser des circuits courts au niveau production/ consommation. Les déchets de la cantine vont aux poules, les poules font des œufs et même les coquilles d’œufs retournent aux poules ! C’est une logique qui leur est complément familière et dont ils seront des messagers
La transition est aussi celle de l'école vers le modèle d'école démocratique ? Pourquoi ?
Comme dans les écoles démocratiques, nous sommes tous citoyens et passons beaucoup de temps à prendre des décisions avec les enfants qui participent à tout. Ils ont le même droit de faire des propositions, de modifier les règles qu’un adulte a instituées. Un citoyen, une voix, c’est une de nos bases. Donc le fonctionnement était déjà démocratique sur ce point. Puis, nous avons réalisé qu’obliger un enfant à apprendre quelque chose qu’il n’a pas le goût d’apprendre est aussi une violence. Ne serions-nous pas révoltés si une instance supérieure nous obligeait à apprendre le mandarin parce que c’est la langue du futur ? Ne dirions-nous pas que nous avons d’autres envies et passions ? Une personne passionnée n’a pas besoin d’être poussée. Quand j’ai découvert la pédagogie, j’ai lu des étagères entières de livres, j’étais tellement contente de découvrir tout ça, de rencontrer des gens, de regarder des vidéos. Les enfants sont pareils, si personne ne malmène leur système d’apprentissage ! De plus en plus de scientifiques et de neuroscientifiques constatent que la faculté naturelle d’apprendre, présente de manière très élaborée chez les tout petits, commence à diminuer en intensité quand l’enfant rentre à l’école. Le niveau d’intérêt pour ce qui l’entoure chute de manière très importante. Pourquoi ? Cette baisse tiendrait au fait qu’il va associer le fait d’apprendre à travail, corvée, obligation. Tout ce qui est apprentissage formel va le dégoûter. Bien sûr certains rentrent vraiment dans le système et y prennent un certain plaisir. Mais la plupart s’acquitte par devoir, et, dès que la cloche sonne, plie son sac à toute allure pour pouvoir sortir. D’autres n’arrivent pas à entrer dans le moule, l’expriment de différentes manières et sont perçus comme inadaptés. L’apprentissage forcé repose sur un système de croyance selon lequel l’enfant doit faire telle et telle chose pour devenir une personne conforme, adaptée et citoyenne. Mais adaptée à quoi ? L’école n’a pas été inventée par altruisme ou pour émanciper les individus mais pour avoir des masses obéissantes pour l’armée, la religion ou l’industrie.
Qu'est-ce que cette évolution change à votre fonctionnement ?
La maternelle reste Montessori parce que le site ne nous permet pas de laisser les petits circuler librement en toute sécurité. Les 6-15 ans sont dorénavant libres d’aller dans les cours qui leur conviennent, d’apprendre ce qu’ils veulent et d’être des créateurs.
Comment l'école valorise-t-elle les compétences des élèves ?
Chaque jour, un tableau “Je propose/Je demande” recense les propositions des élèves qui veulent partager une compétence : atelier de danse, organisation de grands jeux, jeu de GO, exposés... Une personne de l’équipe pédagogique est dédiée à la gestion de ce planning. Le reste du temps, il y a des cours formels, notamment pour le niveau collège à la demande des élèves et des cours qui préparent à l’examen d’entrée en seconde. Deux fois par semaine ils peuvent aller garder les chèvres, ils vont à la ferme tous les jours, en cuisine, s’occuper des plus petits, faire de la peinture, du bricolage à la yourte des arts...
Vous construisez votre propre pédagogie ?
Oui en nous appuyant sur des propositions connues et reconnues ou des modèles existants, en participant à des réseaux de réflexion comme le réseau EUDEC[1] ou à la création d’un pôle scientifique de recherche sur les méthodes naturelles d’apprentissage. Nous favorisons aussi au maximum les échanges informels entre les générations et le multi-âge. L’enfant qui est en relation avec des personnes d’âges très différents développe davantage de connexions cérébrales, capte davantage d’informations transversales qu’en présence d’une même classe d’âge et d’un seul professeur référent. La pauvreté de relations nuit au développement cognitif et inversement. À la cantine, les retraités vivant au hameau peuvent venir manger avec les enfants et parfois ce n’est pas toujours confortable pour eux. Les enfants peuvent trouver que la personne âgée n’est pas très rigolote, ne comprend pas les blagues. Elle peut avoir eu une éducation très rigide et les enfants s’en éloignent. Mais le libre choix, c’est ça aussi.
[1] EUDEC « Communauté Européenne pour l'Education Démocratique » regroupe les écoles et projets d’écoles démocratiques en Europe. www.eudec.fr
Quel est le profil socio économique des élèves ?
Plutôt des classes moyennes et pas très argentées ! Plutôt des néo ruraux en transition, qui quittent une vie urbaine avec des moyens, pour privilégier une démarche de décroissance et cultiver une certaine qualité de vie. Des familles qui veulent donner la priorité à l’accompagnement de leur enfant. Le passage ici est une transition pour aller vers autre chose parce qu’il faut tout lâcher pour venir dans le sud de l’Ardèche, une région défavorisée socio économiquement. L’école attire des familles y compris de l’étranger : souvent, il y a 7 ou 8 nationalités.
Avez-vous beaucoup de demandes ? Quels sont vos critères de sélection des élèves ?
Notre renommée fonctionne bien et nous n’avons pas de problèmes de recrutement. Avec le passage au modèle d’école démocratique, nous commençons une nouvelle liste d’attente mais précédemment on avait 250 enfants en attente ! C’est énorme d’autant plus qu’entre le souhait d’être ici et les démarches pour y parvenir, il y a beaucoup d’écrémage. Tous les parents qui veulent inscrire leurs enfants doivent venir observer une demie journée, participer à une visite groupée du lieu, venir à plusieurs entretiens avec nous, et si besoin avec la pédopsychiatre. À partir de 11 ans, il y a aussi un entretien avec l’enfant. Certains parents renoncent. Ensuite, nous équilibrons les effectifs en tenant compte des âges, en donnant la priorité aux locaux vivant dans un rayon de 30km, aux regroupements des fratries et enfin en fonction des compétences proposées par les parents. Tous les parents sont des membres actifs et donnent 60h par an de bénévolat sous forme d’ateliers artistiques, d’artisanat ou de bricolage, de cours de langue, d’aide à la cuisine ou la cantine...
Est-ce que vous constatez une évolution des schémas éducatifs des parents au contact de l'école ?
Oui carrément mais ils sont prévenus lors de l’admission : « votre enfant vient à l’école mais vous aussi vous allez être impactés par ce qu’il va y vivre », donc ils sont consentants ! Mais certains ne mesurent pas le travail qui leur incombera. Au bout de quelques temps, ils se rendent compte que c’est compliqué de tout reformater pour être à l’écoute de l’enfant et ne pas prendre le pouvoir sur lui. Certains essayent mais n’y arrivent pas. Alors nous accompagnons aussi les parents. Tous les lundis, la pédopsychiatre prend le café avec les parents qui le souhaitent pour parler de parentalité, de la colère, des émotions… Certains parents ont peur que l’enfant n’apprenne pas et retournent dans le public.
Quelle est votre position face à des demandes d’accommodement religieux ?
Nous sommes très ouverts. Nous avons adapté le calendrier d’une petite qui partait tous les ans en Inde pour voir un gourou, nous avons reçu une jeune musulmane avec son foulard. On ne va pas lui demander d’enlever son foulard, ce n’est pas ça la liberté. Au contraire, chacun a son identité, sa culture, sa foi… C’est chouette ! En ce moment, l’école accueille un touareg en formation pendant quelques mois. C’est un bonheur de le voir habiller en Touareg. Les enfants l’attendent avec impatience. Il raconte plein d’histoire sur le désert, sur les chameaux. Heureusement que le monde est coloré !
Quelles qualités attendez-vous de vos éducateurs ou plutôt éducatrices ?
Nous avons gardé le terme d’éducateur mais nous sommes plutôt dans l’accompagnement. En maternelle, les éducatrices sont formées à la pédagogie Montessori mais en primaire, nous privilégions la personnalité, l’état d’être de la personne, la manière dont elle accompagne les enfants. Dans la mesure du possible, nous recrutons des personnes formées à la communication non-violente. C’est vrai qu’il y a davantage de candidatures femmes. Pourtant, avoir des hommes dans l'équipe est précieux et les choses évoluent doucement. Le regard porté sur les petits garçons n’est pas le même que sur les filles. Le type de violences éducatives subies par les hommes les éloignent davantage que les femmes d’un mode de communication centrée sur la personne, de la capacité à formuler leurs ressentis et besoins.
Comment se déroule le travail au sein de l'équipe pédagogique ?
La bienveillance est aussi le mot d’ordre pour les relations entre adultes évidemment ! Mais manager avec douceur et bienveillance, défendre les besoins d’une organisation tout en prenant soin des personnes peut être parfois très compliqué. En finir avec la hiérarchie, d’accord mais concrètement ça veut dire quoi ? Le projet ne va pas aller bien tout seul, il faut une organisation en béton derrière. Heureusement, cela s’apprend. Avec mon mari, nous sommes aller nous former aux nouvelles formes de gouvernance qui viennent des USA mais plus largement des quatre coins du monde et notamment à l’holacratie, au partage du pouvoir et des responsabilités. Chacun est identifié avec un rôle dans l’organisation. S’il y a une défaillance, c’est possible de la localiser. Cela demande de s’intéresser aux besoins. De quoi aurait besoin la personne qui n’y arrive pas ? Le regard sur les travailleurs change. Cette exploration est réjouissante ! Sinon, nous faisons beaucoup de formations ensemble sur l’année et avons un temps de travail hebdomadaire. La question de l’évaluation nous a fortement occupé l’an dernier suite au constat que des choses étaient dites hors réunion et ne l’étaient pas en réunion. Comment faire pour sortir de ça ? Est-ce qu’il faudrait faire un temps d’évaluation et d’auto-évaluation ? Finalement, la question est toujours ouverte même si nous avons mis en place une charte basée sur la sincérité
Quelles relations avez-vous avec le territoire ou les écoles locales ?
Plusieurs enfants d’enseignants du public ont été scolarisés ici. Mais en-dehors de ces démarches individuelles, nous n’avons pas énormément de relation avec les autres écoles locales. Nos efforts pour tisser des liens ont plutôt rencontré un mouvement de recul. Par exemple, nous ne pouvons plus aller à la piscine en même temps que les écoles publiques parce que nos enfants sont plus libres que les autres : ils ne doivent pas se mettre en rang par deux pour rentrer dans la piscine... De la même manière, certains de nos enfants voulaient découvrir ce qu’était une école « normale ». Une école a accepté puis s’est rétractée. La directrice craignait que les élèves puissent comparer. Il y a une peur de la liberté, de ce qui est offert aux enfants ici et qui pourrait faire envie aux autres. L’école a une certaine réputation parce que nos anciens élèves, scolarisés ensuite dans des écoles du coin, ont l’habitude d’interpeller l’équipe éducative, de dire ce qu’ils pensent. Ils n’ont pas leur langue dans leur poche !
Comment se passe ce passage à l'école publique ? Plus globalement, quelle est votre impression sur les individus que deviennent les enfants scolarisés ici ?
Quand le collège s’est ouvert en 2011, un certain nombre d’élèves sont revenus après leur passage dans le système public. D’autres s’y adaptent complètement et d’autres encore ont pris des chemins de traverse. Globalement ceux qui choisissent d’aller dans le public et de passer des examens réussissent bien. À partir du moment où c’est le projet de l’enfant, il n’y a pas grand-chose qui lui résiste. S’il y a des difficultés ou des lacunes, il les surmonte. Il n’y a pas de profil type. Ce sont des jeunes qui restent assez ouverts, curieux, intéressés dans leur travail, responsables de leur vie. Ils ne vont pas être victimes, ils font valoir leur droits, leur créativité dans diverses situations de la vie. Certains n’apprécient pas du tout de se trouver dans des relations assez hiérarchiques ou distantes avec les professeurs. Comme je le disais, ils ont une grande liberté d’expression. Quand ils arrivent dans une école traditionnelle et dénoncent ce qui leur semble injuste, expriment leurs envies, ou affirment qu’ils ne feront pas telle chose parce qu’ils n’en ont pas envie, certains professeurs ne supportent pas du tout et d’autres adorent ! Pour une fois, ils ont des enfants éveillés, intéressés, curieux, en demande de stimulation. Avec leurs camarades, certains ne comprennent pas la violence gratuite. Ici, dès qu’il y a la moindre violence, c’est traité en conseil de médiation. Ils ne comprennent pas qu’il n’y ait pas d’espace pour en parler ou que le fait d’en parler à un surveillant ou un professeur soit mal vu.
Quelle est votre principale difficulté ?
Même après 20 ans d’existence, notre principal souci est financier : arriver d’une année à l’autre à faire vivre la structure en absorbant le déficit de l’année précédente, rémunérer correctement le personnel. Comme nous sommes tous polyvalents – par exemple être dans la direction et faire le ménage - tout le monde est payés pareil : 10€ de l’heure quel que soit le travail. Évidemment, c’est compliqué de garder une équipe payée au lance pierre ! Nous ne pouvons pas adhérer à la convention collective des écoles privées parce qu’elle fixe un taux de rémunération des enseignants qui nous demanderait de doubler les écolages pour le respecter. L’année coute 3000 €. C’est peu par rapport aux 8000 € d’un collégien dans le public mais c’est cher pour les familles qui paient finalement deux fois l’éducation de leur enfant : par les impôts et par l’écolage. Il faudrait repenser ce système et que chaque enfant puisse bénéficier d’une enveloppe pour sa scolarité peu importe l’école. Sinon, nous accueillons des familles modestes grâce à du mécénat. Le statut associatif permet aussi de bénéficier de contrats aidés, d’accueillir des bénévoles ou des volontaires. Depuis 4 ans, nous avons l’agrément du service volontaire européen et du service civique. En ce moment, il y a trois services civiques et trois européens sont attendus
Vous relisez cet entretien un an plus tard, quels enseignements, étonnements, tirez-vous de cette année de mise en oeuvre des principes d'une école démocratique ?
Aujourd’hui l’exploration continue. Il est étonnant de constater à quel point les enfants et les adolescents se sont accommodés de leur nouvelle liberté. L’école foisonne de propositions, de projets et d’actions tous azimuts. Age et niveau n’ont plus lieu d’être. Il reste une communauté multi-âge qui vit et agit ensemble quotidiennement, de manière organique, sur des bases fortement organisées autour de la sécurité relationnelle, affective et démocratique. Ainsi, chacun-e est reconnu-e en tant que personne légitime dans ses ressentis et ses besoins, et dans son droit d’agir. Un de mes étonnements est de constater à quel point l’enfant n’a aucune aspiration naturelle pour les matières académiques. Les seuls qui s’y adonnent volontiers sont ceux qui ont un projet d’examen ou de passage de classe. Et ils le font le plus souvent par devoir plutôt que par élan d’apprendre. Il s’agit d’une minorité. La grande majorité des citoyens est occupée à jouer, dessiner, danser, peindre, chanter, jouer de la musique, regarder des films, lire, bâtir, bricoler, faire du vélo, s’occuper des animaux, explorer la nature, discuter, socialiser… Le jeu prend une grande place dans le quotidien. Cela rejoint les observations du chercheur Peter Gray selon lesquelles le jeu constitue la stratégie naturelle dont nous bénéficions pour apprendre et nous construire. C’est vraiment une prédisposition biologique vivante.
Interview de Michel Desmurget
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