Comment qualifiez-vous Vaulx-en-Velin aujourd’hui ?
Vaulx-en-Velin est une ville populaire et conviviale où les gens sont avenants, et où l’on se parle. C’est une ville où le vivre ensemble est une réalité. J’ai connu des quartiers d’habitat social dans le huitième arrondissement de Lyon, Mermoz, les Etats-Unis ou Langlet-Santy, qui sont aussi des quartiers conviviaux, mais à Vaulx-en-Velin, c’est toute la ville qui porte cette ambiance. Au-delà des différents quartiers, on sent un très fort attachement des habitants à leur ville, à l’identité Vaudaise. Dans le cadre du relogement opérationnel dans le parc social, plus de 70% des ménages souhaitent rester à Vaulx-en-Velin. Et puis, c’est une ville qui se reconstruit à travers un important projet urbain qui se concrétise progressivement. Des immeubles sont démolis pour permettre la construction de bâtiments bordant les nouvelles rues. La ville se redessine à travers le projet d’urbanisme conçu avant tout pour les habitants.
L’objectif d’un GPV n’est-il pas d’abord de créer de la mixité sociale par la démolition de logements sociaux au profit de la construction d’immeubles en accession à la propriété pour attirer de nouvelles populations ?
Certes, un des objectif du GPV est de créer une plus grande mixité sociale. L’idée générale est effectivement d’abaisser le taux de plus de 60% de logements sociaux par un rééquilibrage entre logement social et logement privé. Cependant, à Vaulx-en-Velin, ce qui est avant tout recherché à travers le GPV, c’est d’offrir des possibilités d’accession à la propriété aux Vaudais, et ainsi de faciliter les itinéraires résidentiels et de ne pas figer les situations. Avant, lorsque les Vaudais voulaient acheter un logement, ils étaient contraints de quitter la ville, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Nous n’avons pas de chiffres précis, mais on le voit bien, les acheteurs des nouveaux logements sont d’abord des Vaudais. Ce sont aussi des personnes qui découvrent les atouts de la ville en venant travailler dans les différentes entreprises et zones d’activités qu’elle abrite, et qui désormais peuvent s’y installer. Et, il est vrai aussi que la ville attire de nouveaux habitants du fait des coûts d’achat particulièrement intéressants grâce notamment à la TVA à 5,5%, grâce à sa localisation par rapport aux grands axes routiers et aux facilités de transport en commun, et à l’image que les premières opérations de requalification renvoient : petits immeubles modernes à taille humaine, dynamisme commercial, végétalisation importante, rues larges et agréables...
Pourquoi le GPV de Vaulx-en-Velin est-il considéré comme une réussite et quels enseignements peut-on en retirer pour le devenir de la Politique de la Ville ?
Le GPV de Vaulx-en-Velin est d’abord le projet d’une ville pour ses habitants. Et ce projet est porté par une forte autorité et ce depuis longtemps. Car le Maire, Maurice Charrier, qui vient de démissionner de ses fonctions, n’y est pas pour rien. Il a offert à la ville et à ses projets une vision et une stabilité politique dans la durée, ainsi qu’une prise en compte et reconnaissance permanente de la population. Cet élément de stabilité est fondamental, car une ville a besoin de temps pour se transformer et le GPV s’inscrit dans ce temps, dans ce long processus de transformation de la ville engagé il y a prés de 30 ans. Cette démarche est par ailleurs portée par un partenariat fort, probablement aussi riche de cette antériorité. L’enjeu sera de garantir une durabilité aux opérations qui se réalisent aujourd’hui. Il faudra notamment être vigilants sur la gestion et l’entretien des nombreux espaces publics et des jardins que l’on aménage à l’heure où les moyens diminuent. Nous devrons faire preuve d’imagination et d’innovation. Des marges de progrès demeurent aussi quant à l’ingénierie de tels projets, là aussi il faudrait innover et inventer des procédures de gestion d’opérations plus simples et moins consommatrices en temps. Enfin, et surtout, des outils comme les GPV ne peuvent répondre seuls aux problèmes profonds de la société. Si les gens n’ont pas de travail ou pas de salaires décents, si les ménages n’ont qu’un très faible pouvoir d’achat, si les jeunes n’ont pas d’espoir en l’avenir, alors tout intéressants qu’ils soient, les GPV seront voués à l’échec. Les GPV sont un outil de la Politique de la Ville, mais la vie dans les banlieues dépasse largement le champ de la Politique de la Ville.