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Une fondation franco-suisse pour encourager les projets scientifiques

Interview de Olfa HOOFT

<< L’ouverture de Rhône-Alpes à la région lémanique est presque naturelle et elle peut même se comparer aux échanges qui existent entre l’Alsace et Bâle >>.

La Fondation Franco-Suisse pour la Recherche et la Technologie a vu le jour le 22 septembre 2006 à Genève. Elle associe dans un cadre transfrontalier, trois régions françaises (Alsace, Franche-Comté et Rhône-Alpes) et six cantons suisses (Fribourg, Genève, Jura, Neuchâtel, Valais et Vaud, ainsi que l'Université de Bâle). Son objectif est d’encourager des projets de coopérations scientifiques et industrielles entre la France et la Suisse. Olfa Hooft, sa directrice, insiste sur l’importance de ces coopérations transfrontalières pour le développement de la région.

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Date : 30/09/2007

Quels sont les points communs entre Lyon et Genève dans le secteur de la santé ?

Cela apparaît nettement je pense. Les forces de Lyon, quelles sont-elles ? L’immunologie, la cancérologie, les neurosciences, la génomique fonctionnelle et la pharmacie. Côté Lausanne, qu’y a-t-il ? Encore de la cancérologie, de l’immunologie, des neurosciences, de l’imagerie, etc. A Genève ? On a de la protéomique, de la génétique médicale, de l’infectiologie, de la gériatrie, de la médecine nucléaire. A Grenoble, on est sur du médical croisé avec les micro-nanotechnologies. Autrement dit, l’ouverture de Rhône-Alpes à la région lémanique est presque naturelle et elle peut même se comparer aux échanges qui existent entre l’Alsace et Bâle. Il y a une similitude de spécialités dans cette grande région qui sont autant d’opportunités de coopérations scientifiques et industrielles.

 

Quel est le rôle de la Fondation dans ce contexte ?

La Fondation a justement pour rôle de faire valoir ce potentiel de coopération auprès des acteurs qui composent ces territoires afin de les amener à travailler ensemble. Certains appareils, dans les sciences par exemple, coûtent une fortune. Certains passent alors des partenariats avec Singapour ou la Californie sans se rendre compte que l’appareil en question est disponible à l’Ecole Polytechnique de Lausanne ! Il faut que les gens apprennent à mieux se connaître et mettent leurs ressources en commun. Il faut créer une identité puissante nouvelle pour ce territoire pour que, depuis l’extérieur, il ne fasse qu’un.

 

Et concrètement, comment opérez-vous ?

Je vais sur le terrain rencontrer les différentes personnes pour les connaître et me faire connaître et pour faire une sorte de cartographie de ce que nous avons sur le territoire. Et j’essaie, au fur et à mesure, d’identifier quelles personnes je devrais connecter pour qu’il y ait une relation qui s’établisse. Les parties prenantes me proposent alors un projet que je soumets moi-même au conseil scientifique qui le valide ou non. Cette reconnaissance du conseil scientifique a valeur de label. Pour les banques, c’est une sécurité. Mon rôle est aussi de faciliter les démarches des deux parties auprès des organismes financeurs et d’essayer de réduire les délais au maximum (dans les programmes INTERREG par exemple, les délais de financement sont souvent trop longs pour une entreprise).

 

Quels types de projets accompagnez-vous ?

Le premier projet que nous avons accompagné est le projet BioPARK d’Archamps qui correspondait tout à fait au type de projets de coopération que nous voulons soutenir. Mais ce projet avait été initié avant la création de la Fondation. C’est un projet qui est géographiquement très bien placé. Les autres projets ont, pour la plupart, été initiés par la Fondation. Je pense par exemple à un projet en informatique qui va impliquer une société franc-comtoise et une société genevoise et les deux universités respectives. Il y a aussi une journée de télémédecine que j’ai prévu d’organiser pour faire en sorte que les parties échangent : notre médecine de montagne est commune, il faudrait quand même que l’on échange ! Et puis, il y a un autre projet sur le technopole d’Archamps : le C4i (Centre de Compétences en Conception de Circuits Intégrés), une structure qui travaille en micro-nanotechnologies, s’est mobilisé avec le LETI de Grenoble et des écoles d’ingénieurs de Suisse pour créer une plateforme en micro-nanotechnologies. La Fondation a également un projet avec le CERN. En effet, les scientifiques du CERN ont de l’or dans les mains sans le savoir et ils ne songent pas à le valoriser. J’aimerais organiser des rencontres entre les chercheurs du CERN et des porteurs de projets qui ont réussi pour leur faire part de success stories et les amener à sortir leur nez du laboratoire.

 

Comment fonctionne la Fondation ?

Il y a un conseil de fondation formé de politiques, de représentants des régions et des cantons. Le président est M. Queyranne (Région Rhône-Alpes) et le Vice-Président est M. Unger (Canton de Genève). Et par ailleurs, il y a le conseil scientifique et économique composé de 36 personnes  pour moitié scientifiques et économiques. Notre financement est entièrement public (soutien des deux régions et des deux Etats).

 

Quels sont les obstacles que vous rencontrez dans votre travail ?

Ce sont souvent des obstacles humains. Il y a encore des querelles de clocher, c’est évident, des jalousies et des rivalités qui s’expriment entre les territoires. Il faut une énorme dose de conviction pour expliquer qu’il faut maintenant passer à autre chose et faire des choses ensemble sans quoi nous serons tous perdants.