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Les orientations du Parc de Miribel Jonage en 2004

Interview de Didier MARTINET et Patricia MONNIAUX

<< Le parc de Miribel-Jonage est en train de vivre une transformation. Après une phase d’aménagement, nous entrons dans une phase de développement de projets d’accueil du public encore plus affichée >>.

Quelles sont les nouvelles orientations du Parc de Miribel-Jonage ?

Didier Martinet, directeur du parc de Miribel-Jonage et Patricia Monniaux, responsable animation du « pôle nature », présentent le nouveau plan des espaces naturels et ses objectifs. Dans ce plan, il est prévu notamment l'ouverture d'un jardin de démonstrations et d’expérimentations à l’entrée de la ferme des Allivoz. Ce jardin sera organisé autour de la thématique de l’eau, et présentera différentes techniques originales issues de l’agriculture biologique, différents types d’arrosage et d’alimentation en eau, une station météo, un lieu de compostage.

D'une façon plus générale, l'objectif est de sensibiliser les habitants du Grand Lyon à l’environnement en mettant en cohérence dans un même espace des activités de loisir sportif et de découverte comme la chasse, la pêche et l'agriculture.

Réalisée par :

Date : 07/07/2004

Quelles orientations stratégiques le parc de Miribel-Jonage prend-t-il aujourd’hui ?
Le parc est en train de vivre une transformation pour répondre aux besoins de l’agglomération. Après une phase d’aménagement, nous entrons dans une phase de développement de projets d’accueil du public encore plus affichée. D’ici huit ans, nous arriverons à la fin de l’ère d’extraction des gravières et des réaménagements du parc. La logique de financement des projets évolue grâce à de nouveaux acteurs privés dont l’intervention éventuelle ne serait pas contradictoire avec un espace nature qui attire quatre millions de visiteurs par an.
Le parc s’organise d’Ouest en Est, privilégiant une transition progressive de la ville à la nature : la zone de loisirs, le pôle nature et les espaces naturels et agricoles (1). Après différents travaux d’aménagement et de valorisation pour le public réalisés sur la zone de loisirs (promenade autour du Lac par exemple) et sur le pôle nature (observatoire des Grands Vernes, Sentiers des îles…), l’intérêt se porte aujourd’hui sur la zone amont du parc. Pour l’instant, peu de personnes interviennent sur ces espaces au sein de notre équipe. Nous envisageons donc prochainement la mise en place d’un plan de gestion des différents types d’espaces et le recrutement d’un chargé de mission environnement.
Par ailleurs, nous oeuvrons dans l’exportation de notre savoir-faire en matière de valorisation de gravière par des échanges que nous organisons avec d’autres capitales européennes disposant de parcs de ce type.

Quels sont les objectifs du plan de gestion des espaces naturels que vous allez mettre en oeuvre ?
L’objectif est de concilier les exigences de protection des milieux et de fréquentation du public. Le patrimoine naturel du Parc est remarquable par sa diversité et son originalité, aussi bien sur les espaces aménagés (plans d’eau, espace de loisirs) que sur les espaces naturels et semi-naturels. La préservation de ce patrimoine doit passer par une approche globale conciliant protection et découverte douce des milieux par le public. Cet objectif impose de promouvoir une gestion durable des espaces, fondée sur leurs qualités et leurs fragilités spécifiques, tout en tenant compte des attentes sociales.
Les quatre vocations prioritaires du Parc, fixées il y a quelques années, sont toujours d’actualité : l’eau potable, l’eau des loisirs (baignade, nautisme), l’expansion des crues et la préservation de milieux naturels. Un programme de restauration hydraulique a déjà été engagé (création des plans d’eau tampon, actions pour relever le niveau des nappes et des lacs…). Aujourd’hui, les actions à mettre en oeuvre dépassent largement les limites du Parc de Miribel-Jonage et sont conçues dans un cadre concerté, intégré au Plan décennal de restauration du Rhône.
Par ailleurs, l’île de Miribel-Jonage a été proposée par l’Etat français pour être intégrée au réseau Natura 2000 des sites pris en compte au titre de la directive européenne sur les habitats. Ce classement s’explique par la présence de nombreux milieux et espèces d’intérêt européen (prairies sèches, forêts alluviales, castors…) et doit aboutir à la rédaction d’un « document d’objectifs » (en cours d’élaboration). La mise en oeuvre de ce programme viendra conforter les actions en cours et à venir pour la gestion des espaces.

Qu’en est-il du projet de la ferme des Allivoz?
Au printemps 2005, un jardin de démonstrations et d’expérimentations ouvrira ses portes à l’entrée de la ferme. Organisé autour de la thématique de l’eau, il présentera différentes techniques originales issues de l’agriculture biologique, différents types d’arrosage et d’alimentation en eau, une station météo, un lieu de compostage…
Ce jardin sera la première pierre d’un projet, plus ambitieux, d’accueil d’un public plus large (scolaires, groupes mais aussi grand public). L’objectif est de proposer une offre complète en matière de sensibilisation et d’éducation à l’environnement et d’être exemplaire en matière de développement durable.

Le site des Allivoz présente de nombreux atouts pour devenir un pôle d’activités complémentaires à l’accueil du Parc et à la base de loisirs. Au cœur du « pôle nature », il a une position stratégique pour partir à la découverte des milieux.
Bien que portant le nom de «ferme» (2), le lieu ne devrait pas, a priori, fonctionner comme tel, même s’il accueillera probablement quelques animaux (les vaches Bretonne Pie Noire chargées de l’entretien des prairies sèches y ont déjà élu domicile).
Le contenu du projet reste à construire avec l’ensemble des partenaires associatifs afin de valoriser la thématique de l’eau, l’élément identitaire du site. Il ne s’agit pas de réaliser une nouvelle maison de l’eau mais bien de définir un programme original, sans rentrer en concurrence avec ce qui existe déjà dans l’agglomération.

Que sera t-il prévu sur la relation « homme et vivant dans la ville » au sein de la ferme des Allivoz ?
Un programme mis en place dans le cadre du projet de la ferme des Allivoz prendra justement en compte cette dimension. Pour l’instant, nous avons plusieurs types de programmes : scolaire, de loisir, grand public et un autre en partenariat avec la Caisse d’Allocation Familiales (3). Tout cela va être développé et enrichi avec l’accueil à la ferme dans laquelle l’écologie au quotidien sera abordée. Des expositions temporaires et permanentes, des activités de découverte de l’environnement seront mises en place pour mieux faire connaître les milieux naturels dans lesquels les habitants de l’agglomération évoluent, et de l’importance de les prendre en compte. La pédagogie sera active, l’objectif étant de « faire faire » et de ne pas rester seulement spectateur.

Comment travaillez-vous avec les associations d’éducation à l’environnement ?
Aujourd’hui, les associations interviennent pour des études de suivi de la faune. La FRAPNA vient de terminer un programme d’étude et de sensibilisation sur le thème des chauve-souris ; nous sommes en relation avec le CORA qui réalise différentes études de suivi de l’avifaune sur le site et qui encadre un certain nombre de nos groupes sur les activités ornithologiques ; les Naturalistes Rhodaniens travaillent avec nous sur tout le suivi de l’avifaune en hivernage. Les actions sont donc ponctuelles. Le travail autour de la ferme des Allivoz devrait permettre de développer des actions communes car notre ambition est d’y accueillir vingt mille personnes par an, soit quatre fois plus qu’aujourd’hui, répartis entre les scolaires et un public familial.

Pourquoi est-il important pour les habitants du Grand Lyon de se sensibiliser à l’environnement ?
Il est indispensable d’avoir des espaces de liberté dans l’agglomération, d’être en relation avec le vivant, avec ce qui nous a construit et qui nous permet de vivre. Il est important d’être en relation avec les milieux naturels pour pouvoir s’y ressourcer, s’y reposer, s’en inspirer.
Il est difficile de constater les effets de cette sensibilisation. Cependant, six ans après la mise en place d’actions de découverte, il nous arrive de croiser de jeunes adolescents qui se souviennent des moments passés au « pôle nature » pendant leur enfance. Les souvenirs et les émotions sont un vecteur pertinent pour sensibiliser à l’environnement. C’est ainsi que les jeunes reviendront passer du temps dans ce parc et en prendront soin. Les bons moments passés ensemble sont plus importants que le nom d’une espèce qui construit ses nids sur l’eau, même si la connaissance est également importante.

L’agglomération dispose-t-elle d’un nombre de lieux suffisant pour cela ?
L’agglomération dispose aujourd’hui de sites importants pour maintenir ce contact avec les espaces naturels. Depuis quelques années, de nombreux lieux font des efforts pour proposer des activités à un public familial, comme le parc de Lacroix-Laval, le Jardin Botanique, par exemple. Les associations sont également très dynamiques. On assiste à un réel foisonnement d’initiatives depuis trois à quatre ans.

Comment mettez-vous en cohérence dans un même espace : la pêche, la chasse, et l’agriculture avec les activités de loisir sportif et de découverte ?
Aujourd’hui, nous essayons de mieux connaître les chasseurs (4), les pêcheurs, les agriculteurs, au moyen de rencontres qui ne se faisaient pas auparavant. Il y a deux jours de chasse dans la semaine dans certaines zones amont du parc. Les chasseurs sont là depuis longtemps, avant que le parc n’accueille trois à quatre millions de visiteurs par an, qui s’aventurent de plus en plus dans ces zones amont. Par leur connaissance du parc, les chasseurs, pêcheurs et agriculteurs peuvent permettre d’anticiper les problèmes de mixité et de croisement des usages qui se posent et risquent de se poser de plus en plus. Nous avons tout intérêt à collaborer avec eux.
Un premier pas a été fait avec la mise en place d’un Contrat Local de Sécurité. Les policiers ont rencontré des chasseurs afin de mettre en place des actions d’information et de surveillance. Jusqu’à maintenant, il n’y avait pas de personnes dédiées au suivi de toutes ces activités, ce sera chose faite avec le nouveau chargé de mission environnement.

1 Cinq cent hectares de maïs et pois sont cultivés de manière intensive.

2 Le site est une ancienne ferme.

3 Pour des publics en difficulté.

4 Deux associations sont présentes : le Groupement des chasseurs de Miribel-Jonage et la Société de chasse de Jonage.