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Le rôle des collectivités locales par rapport à l'accueil des étudiants

Interview de Isabelle GUINAMARD

<< Mis à part le fait que nous soyons tous convaincus qu’un étranger arrivant à Lyon doit être nécessairement bien accueilli, il y a aussi une stratégie à avoir par rapport à l’accueil >>.

Isabelle Guinamard est vice-présidente chargée des relations Internationales pour l’Université Lyon 2.
Elle a participé avec le service MAEVA (Mission d’accueil des Etudiants Venus d’Ailleurs ) de la Vie étudiante, à la création en janvier 2003 d'un comité de pilotage sur le logement étudiant, en partenariat avec le pôle Universitaire Lyonnais.
Quelles sont les structures habilitées à l'accueil des étudiants étrangers à Lyon et quelles sont leurs fonctions et les moyens qui leur sont donnés?

La réforme des universités va-t-elle changer des données en terme d’accueil des étudiants étrangers ? Quel est le rôle des collectivités locales par rapport à l'accueil ?

Réalisée par :

Date : 27/05/2004

Quels sont les différents types d’étudiants étrangers présents à Lyon 2 ?

Nous avons à Lyon 2, deux secteurs en charge des étudiants étrangers. Il y a la Division des Relations Internationales qui s’occupe des étudiants qui viennent dans le cadre de partenariats officiels, pour ce que l’on nomme les "études intégrées". Ce sont les étudiants concernés par les accords ERASMUS, comme les étudiants relatifs aux accords avec les pays partenaires qui ne sont pas dans la zone ERASMUS. Actuellement, nous accueillons environ 400 étudiants étrangers en études intégrées, avec une hausse depuis 2 ans. Pour la plupart, ces étudiants ne suivent pas un parcours diplômant à Lyon 2 : ils valident des enseignements qui seront reconnus au titre du diplôme de leur université d’origine et payent les droits d’inscription dans leur université de départ et non dans celle qui les accueille. Par ailleurs, de nombreux étudiants viennent sans programme d’échange officiel, de leur propre initiative. Ils représentent 14% des 27.000 étudiants de Lyon 2, ce qui est assez conséquent. Ils suivent, quant à eux, un cursus diplômant et s’acquittent des droits de scolarité dans l’université d’accueil. A Lyon 2, ils sont pris en charge par une cellule nommée Mission d’accueil des Etudiants Venus d’Ailleurs (MAEVA) qui se trouve au sein du service de la vie étudiante. MAEVA se charge de l’information préalable à l’arrivée des étudiants et de leur intégration à leur arrivée dans l’université. La DRI et MAEVA n’ont donc pas exactement les mêmes missions.

 

Comment fonctionne MAEVA ?

Les personnes du service identifient les nouveaux arrivants lorsqu’ils viennent s’inscrire. Elles correspondent avec eux par mail, par courrier et par téléphone : l’important est d’informer les étudiants avant leur arrivée sur différents thèmes. Les conditions pédagogiques et administratives sont primordiales : que signifie être étudiant à Lyon 2, quels sont les frais d’inscription, quelles formalités administratives (carte de séjour, banque, assurance, mutuelle, etc.), sans oublier les offres culturelles, les conditions d’étude etc. Les conditions de vie sont également essentielles pour la réussite d’un parcours d’études : à ce titre, MAEVA s’efforce d’alerter les étudiants sur la difficulté de trouver un logement à Lyon. C’est pour cette raison que le comité de logement1 a été lancé à la fois avec le service de la vie universitaire de Lyon 2 et la Division des Relations Internationales (DRI) et plusieurs partenaires extérieurs, le but étant de créer des synergies pour parvenir d’une part à une meilleure information des partenaires institutionnels et d’autre part à imaginer des solutions nouvelles. L’intérêt était de réunir des acteurs d’horizons différents qui ne se connaissaient pas… C’est la première richesse d’un tel comité…

 

Pour en revenir à vos missions au sein de la Division des Relations Internationales, aujourd’hui, quelles sont-elles ? et quels sont les moyens mis en œuvre ?

Nous avons pour mission d’accueillir des étudiants qui viennent en programme d’échanges. Notre rôle est d’autant plus important que si l’accueil se passe mal, nos étudiants – c’est-à-dire ceux de Lyon 2, auront des difficultés à partir ! En effet, un accord ne peut vivre que si les étudiants accueillis à Lyon 2 repartent chez eux en bons ambassadeurs de la vie lyonnaise…. Si un étudiant revient dans son université d’origine mécontent et en décrivant une situation difficile, des cours insatisfaisants, des problèmes pour trouver un logement, un accueil médiocre, on peut s’attendre à ce que l’accord entre les universités pose problème. Cela peut avoir pour conséquence des difficultés pour l’avenir du partenariat. Il y a donc nécessairement une stratégie à adopter par rapport à l’accueil. Nous avons également une mission d’information auprès des étudiants souhaitant partir dans le cadre de partenariats. A Lyon 2, nous estimons que tout étudiant qui arrive à l’université doit avoir en tête l’idée qu’il partira pour a minima un semestre à l’étranger. L’expérience internationale doit être fortement valorisée auprès des étudiants : nous souhaitons que les étudiants changent de conception par rapport à l’international en intégrant l’idée de la nécessité d’un parcours international, qu’il soit sous forme d’études ou de stage. Mais un tel projet doit s’inscrire dans un parcours réfléchi. Ce message n’est encore que partiellement compris. Pourtant, cela devient primordial. Nous faisons face à de plus en plus de mobilité chez certains de nos partenaires européens – qui viennent en stage ou faire un semestre chez nous – et nous devons prendre au sérieux tous les problèmes et les questionnements que cela draine.

 

La réforme des universités va-t-elle changer des données en terme d’accueil des étudiants étrangers ?

Oui, certainement. Le premier effet de la réforme porte sur la durée de la période de mobilité : la mobilité semestrielle s’accroît. Jusqu’ici, au second semestre, nous avions peu d’arrivées d’étudiants étrangers. En revanche, cette année, le nombre a pratiquement doublé pour le second semestre. De fait, nous avons été obligés d’organiser une seconde rentrée pour les étudiants étrangers avec une journée d’informations, etc. On sent vraiment les prémisses d’un changement et nous avons une réflexion à mener en termes d’accueil, d’informations mais également de soutien financier. L’autre élément qui nous mènera à une nouvelle dynamique internationale est la mise en place des masters. Nous devons maintenant impulser la création de nouveaux masters conjoints puisque cette réforme nous amène à faire apparaître beaucoup plus clairement les compétences et les spécificités de chaque université. La recherche des partenariats internationaux inclut dès maintenant cet aspect. Nous allons sûrement avoir un déplacement de la mobilité vers les masters : il y aura sans doute, une mobilité avant master – qui sera plus de l’ordre de la confirmation d’un projet de formation – et une mobilité dans le cadre d’un master avec une visée de spécialisation Nous sommes déjà sollicités par des partenaires pour des doubles masters, permettant aux étudiants concernés d’obtenir et le diplôme de l’université d’accueil et le diplôme de l’université d’origine. Ceci implique d’emblée des partenariats différents avec notamment une concertation pédagogique et de recherche accrue. A Lyon 2, il existe déjà 5 doubles diplômes mais avec encore un statut expérimental dans la mesure où il n’y avait pas de cadre prédéfini. Ces doubles diplômes revêtent actuellement des réalités très différentes. Cela peut correspondre par exemple, à un parcours sur trois ans avec pour l’étudiant quand il s’engage dans ce parcours une année dans un pays, une année dans l’autre. Cela peut être également un parcours sur une année, avec quatre mois en France, sept mois dans l’autre pays. Dans tous les cas, l’objectif est de parvenir à un double diplôme/master ou même à un master co-validé. Le nouveau programme ERASMUS MUNDUS promeut une telle dynamique. L’idée est de créer en Europe des masters d’excellence qui soient capables d’attirer de bons étudiants des pays tiers. Ces programmes supposent également une coopération internationale suffisamment forte pour que la formation soit homogène. Ce programme vise à soutenir des réseaux d’universités acceptant de délivrer des masters conjoints et avec un agrément faisant apparaître que ces masters réunissent toutes les conditions permettant d’accueillir les étudiants des pays tiers. Les commissions européennes mettent à la clé des bourses conséquentes… très conséquentes. Il y a une volonté européenne d’arriver à donner à l’université européenne une visibilité et une attractivité nouvelle.

 

Comment le Grand Lyon ou la Ville de Lyon peuvent-ils se positionner par rapport à ERASMUS MUNDUS ? Peuvent-ils encourager ces programmes ?

Il faut déjà que le master fonctionne. On peut postuler une fois que le master est créé et que l’on a prouvé qu’il pouvait fonctionner. Il peut y avoir bien sûr un soutien des collectivités pour encourager la dynamique internationale. La région Rhône-Alpes, on le sait, agit en ce sens. Dans la définition de sa politique internationale, la région Rhône-Alpes intègre actuellement une réflexion sur la réforme du LMD, qui risque de modifier ses dispositifs de soutien par rapport aux actions menées actuellement. La région offre la possibilité de bourses aux étudiants partant et soutient également certains programmes permettant à des étudiants de haut niveau de venir étudier dans les universités lyonnaises ; elle concourt aussi à la création de filières conjointes ou de filières francophones. Nous nous trouvons dans une phase de transition… une période charnière. Il y a un important changement actuellement qui se dessine et les universités doivent être capables de l’intégrer. De plus, les programmes comme ERASMUS MUNDUS sont des programmes très ambitieux avec peu d’élus. En conséquence, il faudrait pouvoir profiter de leur dynamique afin qu’en interne et avec l’aide des collectivités régionales, on puisse impulser des partenariats plus ambitieux avec des universités étrangères pour, par exemple, des formations dispensées en commun, avec programmes d’E-Learning par exemple. Même si certains de nos doubles diplômes ne pourront prétendre à postuler pour le programme ERASMUS MUNDUS, il y a un soutien à apporter à des initiatives concourant à une dynamique forte dans l’université, qui permettent aux étudiants d’avoir des parcours variés et riches.

 

Pouvez-vous nous reparler du comité logement mis en place ?

Ce comité a été créé en janvier 2003 parce que le problème du logement étudiant devenait de plus en plus complexe pour les étudiants étrangers. En effet, nous avions acquis un certain retard, le marché de la location à Lyon étant devenu cher et sclérosé. Or, non seulement le nombre d’étudiants étrangers augmente mais leurs exigences sont de plus en plus diversifiées et complexes. Un étudiant Nord Américain souhaite une prise Internet dans sa chambre alors qu’un étudiant Chinois est surtout regardant sur les conditions financières. Nous cherchons à tout prix à éviter qu’un étudiant reparte dans sa ville d’origine faute d’avoir trouvé à se loger. Pour l’équipe de MAEVA, il se rajoute un autre paramètre qui est celui de la détresse sociale de certains étudiants. Nous avons donc voulu mettre en place une réflexion autour de ce problème du logement – qui est très fortement ressenti à Lyon 2 car il y a beaucoup d’étudiants étrangers, en raison également de la présence du Centre International d’Etudes Françaises (CIEF), qui organise des sessions de formation en langue française. Notre volonté première était de créer une synergie avec des partenaires institutionnels, associatifs qui n’avaient pas l’habitude se rencontrer. Nous voulions d’abord partager les problèmes, voir si l’on avait la même sensibilité, s’informer mutuellement, et réunir les compétences pour trouver, à titre expérimental, des solutions. C’est un comité qui s’est réuni en partenariat avec le Pôle Universitaire Lyonnais (PUL) en collaboration étroite avec le CROUS – un représentant du CROUS vient à chaque réunion à raison d’une fois tous les deux mois. Nous avons déjà réussi à échanger nos expériences mutuelles afin que chacun ait des éclairages nouveaux sur la question du logement. Puis, quelques expériences ont été mises en place : chambre d’urgence au CROUS pour accueillir pendant de courtes durées les étudiants étrangers en détresse, un appartement rue Saint-Michel mis à disposition par Habitat et Humanisme, un partenariat avec ARALYS pour quelques chambres dans leurs foyers d’accueil de travailleurs immigrés, un partenariat avec l’Université Catholique … Par ailleurs, nous avons signé une convention avec le CLLAJ-Lyon pour une formation destinée au personnel des universités confronté au problème du logement, et pour l’élaboration de fiches d’information destinées aux étudiants étrangers en recherche de logement. Avec le Crédit Lyonnais, nous avons mis en place un processus d’accélération d’ouverture de compte, Enfin, avec Pierre Michel, de Lyon Line, nous réfléchissons à l’amélioration de l’accueil des étudiants chinois notamment. Nous souhaitons également lancer des réflexions avec les collectivités autour des dépôts de garantie et des cautions solidaires.

1 Le comité de logement a été créé en janvier 2003 en partenariat avec le Pôle Universitaire Lyonnais (PUL).