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L'offre touristique de l’Office du Tourisme et des Congrès

Interview de Denis TROUXE

<< Il faut maintenant passer à l’étape suivante, qui est celle de la transversalité, qui consiste à intégrer la dimension touristique dans tous les projets, dans l’urbanisme, l’animation de la ville >>.

Les grandes orientation de L’Office du Tourisme et des Congrès sont aujourd’hui, d'une part le développement du tourisme d’affaires. Lyon est en train de se doter d’équipements qui permettent d’aller dans ce sens, avec notamment la construction de la salle 3000, et d'autre part, le peaufinement du tourisme de loisir, avec un axe d’amélioration qui paraît fondamental autour de la notion d’accueil. En effet, Lyon a des atouts considérables pour ses visiteurs en raison de son patrimoine, de l’offre d’activités sportives et culturelles. Mais ceux-ci ne sont pas suffisamment mis en avant. C'est à l’Office de tourisme d’œuvrer dans ce sens mais il ne peut pas le faire seul.Les institutions lyonnaises et les différents décideurs ont aussi un rôle fondamental pour séduire les touristes. Ce sont eux qui créent les produits, et les événements nécessaires pour rendre notre ville attractive. Rencontre en 2004 avec Denis Trouxe, alors président de l’Office du Tourisme et des Congrès de Lyon.

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Date : 27/06/2004

Quelles sont aujourd’hui les orientations de l’Office du Tourisme et des Congrès ?
Je n’ai pris mes fonctions que depuis très peu de temps. De plus, en attendant de nommer un nouveau directeur, nous avons mis à la tête de l’Office du Tourisme et des Congrès un manager de transition, chargé d’établir un audit sur le fonctionnement : ce n’est qu’une fois que cet audit sera terminé que nous pourrons définir des orientations et un plan d’actions précis. Pour l’instant, nous avons deux priorités qui se situent pour moi sur un même plan. La première est le tourisme d’affaires, que nous développons par l’intermédiaire du bureau des Congrès. Cette forme de tourisme est tout à fait stratégique pour notre ville, car ses retombées économiques sont considérables… Lyon est en train de se doter d’équipements qui permettent d’aller dans ce sens, avec notamment la construction de la salle 3000, dont il n’existe que trois équivalents en France et neuf en Europe. Sachant qu’il faut en moyenne trois ou quatre ans pour préparer un congrès de cet ordre, il faut donc prévoir très à l’avance l’utilisation de cette structure.
Il y a là une urgence qui est dictée par un équipement unique. Les clients pour ce type de congrès ne sont pas très nombreux et c’est à nous de les identifier et de les convaincre de venir à Lyon, en lien avec tous les partenaires impliqués : le Grand Lyon, la Ville de Lyon du côté des institutions et GL Events et Eurexpo du côté des partenaires privés. Notre rôle à nous, dans ce dispositif, est de vendre la destination. C’est d’ailleurs la première demande des clients, et c’est d’abord sur la destination que se fait leur choix. Il faut donc valoriser les atouts de Lyon, et nous faisons porter en priorité l’accent sur l’intérêt professionnel qu’on peut avoir à réaliser un congrès ici, car c’est ce qui est déterminant pour nos clients. Cet intérêt professionnel dépend de la capacité à trouver sur place des interlocuteurs à tous les niveaux de la filière dans laquelle s’inscrit le congrès : des industriels, des laboratoires de recherche, de l’enseignement… Il faut qu’il y ait autre chose qu’un cadre agréable pour attirer de telles manifestations, et c’est ce que nous mettons en avant.
Ensuite, il faut bien entendu vendre la ville avec tout ce qu’il y a autour de l’intérêt professionnel. Notre autre priorité concerne le tourisme de loisir, avec un axe d’amélioration qui me paraît fondamental autour de la notion d’accueil. Nous avons pour l’instant, au niveau de l’Office du Tourisme et des Congrès, le pavillon de la place Bellecour. Plus de 373 000 personnes y sont accueillies chaque année ! Mais tous les touristes n’arrivent pas forcément à Lyon par la place Bellecour… Que faisons-nous concrètement dans les gares de Perrache ou de la Part Dieu, dans l’aéroport Saint Exupery ?... Ensuite, il ne faut pas perdre de vue qu’une personne qui fait la démarche de venir s’informer est a priori un client en or pour les activités proposées dans la ville. Si on est vraiment capable de non seulement les informer, mais surtout de les séduire, ils auront de grandes chances de fréquenter l’offre touristique lyonnaise. Nous sommes donc en train de réfléchir aux moyens d’améliorer nos supports d’information et de communication pour rencontrer l’attente des visiteurs, s’adapter mieux à leurs besoins, avec un accueil plus performant et plus séduisant pour ceux qui viennent chercher de l’information chez nous, mais aussi qui n’y viennent pas et qu’on doit aller chercher là où ils sont.
Ce sont là des chantiers auxquels nous travaillons en termes très opérationnels. Par exemple, dans notre pavillon de l’Office du Tourisme, nous consacrons la moitié de notre espace à la vente de produits commerciaux. On peut légitimement se demander si c’est bien notre rôle, et si on ne pourrait pas utiliser cet espace pour des activités qui vendraient mieux notre ville que des produits régionaux. Je suis persuadé que nous avons la capacité de séduire beaucoup plus que nous le ne faisons aujourd’hui. Quand on voit le patrimoine, l’offre d’activités sportives, culturelles, on se dit que Lyon a les atouts d’être beaucoup plus séduisante pour ses visiteurs. C’est un domaine où il faut être très ambitieux. Ces deux priorités se rassemblent : si nous voulons un tourisme d’affaires avec ses retombées économiques, on aura besoin d’une offre d’hôtellerie suffisante. Et dans ce domaine, les investisseurs ne peuvent décider de s’implanter significativement dans une ville que s’il y a une demande constante, sur la semaine et le week-end, et tout au long de l’année… Un équilibre qu’on ne peut offrir que si viennent aussi des touristes de loisir. Tout se tient. J’ajouterais d’ailleurs à ces priorités un axe fondamental, qui est celui de l’implication des institutions lyonnaises et des différents décideurs pour ce qui est de leur rôle fondamental pour séduire les touristes. Ce sont eux qui créent les « produits », les « événements » nécessaires pour rendre notre ville attractive.

En tant qu’ancien adjoint à la culture, quel lien pensez-vous que l’on puisse faire entre tourisme et culture ?
Il faut déjà savoir ce qu’on met derrière ce terme de « culture ». L’activité culturelle élitiste n’est pas celle qui va former les bataillons de touristes. C’est l’animation qui fait venir les touristes dans une ville, et pas seulement l’animation culturelle. L’animation, quand elle est culturelle, est en plus un vecteur d’image mais ce n’est pas le seul. Je crois beaucoup pour cela aux arts de la rue, auxquels appartiennent le défilé de la biennale de la danse ou le festival des Lumières. Il faut que le tourisme ne soit pas oublié dans l’élaboration des projets, donc il faut de la transversalité entre les acteurs du tourisme et les décideurs, élus ou pas. Nous avons connu à Lyon, il y a longtemps, une première phase qui consistait en un tourisme de syndicat d’initiative : on est assis et on attend que les touristes viennent nous demander des renseignements. On est passé ensuite à une phase plus active, où on fait la démarche d’aller chercher les touristes, d’aller prospecter et vendre la ville. Il faut maintenant passer à l’étape suivante, qui est celle de la transversalité, qui consiste à intégrer la dimension touristique dans tous les projets, dans l’urbanisme, l’animation de la ville, etc. Nous n’avons pas le choix : ou bien on est capable de travailler de manière professionnelle et donc transversale, ou bien on préserve certaines chasses gardées et on n’y arrivera pas. Si nous étions davantage associés à l’organisation de tel ou tel événement, je suis convaincu qu’on pourrait proposer des idées un peu différentes parce qu’elles prendraient mieux en compte l’aspect touristique. Ce qu’on peut faire au niveau d’un Office du tourisme comme celui de Lyon, c’est mettre en musique les qualités que les autres créent pour promouvoir une ville encore plus attrayante. Ce n’est pas nous qui pouvons agir sur l’urbanisme ou sur l’ouverture des commerces jusqu’à deux heures du matin. Nous ne sommes pas des fabricants de qualité de ville, mais nous en sommes les vendeurs.