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Comment rendre le développement durable opératoire ?

Interview de Jean Claude

<< Le développement durable satisfait les générations présentes sans priver les générations futures des ressources qui leur permettront de satisfaire leurs propres besoins >>.

Jean Claude Ray anime un groupe de travail municipal dans lequel des élus et des techniciens recensent les actions développement durable et les impulsent de façon à ce qu’elles soient conduites de manière coordonnée. Ce groupe travaille sur un certain nombre de sujets, notamment la charte des espaces extérieurs, la charte des antennes relais de téléphonie mobile, la pose d’une moquette solaire sur la piscine, l’utilisation de la norme HQE pour des équipements municipaux et le logement social, le remplacement des véhicules municipaux par des véhicules peu ou pas polluants, la maîtrise de l’énergie dans les équipements municipaux, le papier recyclé, un PDE, les actions d’éducation à l’environnement et le PEDIBUS.

Pour la Municipalité de Villeurbanne « Le développement durable ne doit surtout pas être assimilé à la croissance économique ou à la seule préservation de l’environnement » et ne doit pas être uniquement « un axe de communication fort de la municipalité » mais doit mener à un « développement qui satisfait les générations présentes sans priver les générations futures des ressources qui leur permettront de satisfaire leurs propres besoins ». En tout état de cause, il est impératif pour J-C Ray d’obtenir des résultats concrets le plus tôt possible

Il s’agit surtout de « faire changer les habitudes en créant des incitations et des sanctions, ce qui relève plus du long terme. » C'est dans ce sens où la concertation avec les habitants est un outil, un moyen d’accéder au développement durable.

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Date : 30/03/2004

Que représente pour vous le développement durable ?

C’est un développement qui satisfait les générations présentes sans priver les générations futures des ressources qui leur permettront de satisfaire leurs propres besoins. Ceci étant le concept est très difficile à cerner, dans la mesure où toute action peut avoir un habillage développement durable. Par rapport aux trois piliers classiques ( économie, social, environnement), il faut ajouter la participation citoyenne. Plus précisément, la concertation est un outil, un moyen d’accéder au développement durable. Le développement durable ne doit surtout pas être assimilé à la croissance économique ou à la seule préservation de l’environnement.

 

Comment appliquez-vous le développement durable sur le territoire de Villeurbanne ?

L’action municipale n’est pas centrée sur le développement durable. Pour autant la ville fait du développement durable. Il y a des actions développement durable qui sont menées indépendamment de tout discours. Il y a une nécessité légale et technique de travailler autrement. La communication municipale se fait essentiellement sur la démocratie locale, la beauté dans la ville et sur des actions culturelles. Le développement durable n’est pas un axe de communication fort de la municipalité. Dans la charte des espaces extérieurs, il y a par exemple un règlement sur les enseignes publicitaires dont l’objectif est de dédensifier les panneaux publicitaires et d’être plus vigilant avec les annonceurs. Grâce à cette entrée, on peut arriver à sensibiliser au développement durable et impulser d’autres initiatives. La problématique de l’étalement urbain est abordée à travers l’urbanisation concertée via les conseils de quartiers et les groupes témoins. L’idée en la matière est de pouvoir urbaniser des terrains bien desservis par les transports en commun. Dans le même registre, la construction d’un centre sportif dans le quartier des Brosses et non en centre-ville contribue à l’équilibre de la ville. La ville de Villeurbanne a été la première ville dans la région Rhône-Alpes à appliquer la journée du 22 septembre « en ville sans ma voiture ».

 

Et les aspects économiques et sociaux ?

Au niveau économique, il existe une boutique labellisée « commerce équitable » auprès de quelle la mairie se fournit. Par ailleurs, préserver un faible niveau d’endettement relève également du développement durable. Au niveau social, la politique de la ville privilégie la dimension d’insertion. Cet aspect est central dans la politique municipale, mais il n’est pas abordé dans une optique de développement durable. Par exemple 25 % des logements de la commune sont des logements sociaux. Il y a également les politiques menées en direction de la petite enfance qui s’inscrivent dans ce cadre. La ville dispose d’une faible marge de manœuvre dans certains domaines notamment en matière de transports et de développement économique car ils relèvent de la Communauté Urbaine. Contrairement à d’autres communes (Echirolles, Angers …) les décisions de la municipalité ne sont pas passées au tamis du développement durable. Notre commune est en amont de cela, car il se pose également une question budgétaire. Lorsque l’on mène une action développement durable comment la financer ? Deux solutions sont possibles soit puiser dans l’enveloppe budgétaire développement durable qui est de 150.000 euros, soit négocier avec l’adjoint chargé du domaine où l’action est menée pour qu’il finance tout ou partie du surcoût lié à la dimension développement durable. Il s’agit là d’un débat et d’arbitrages politiques qui doivent êtres menés de façon très pragmatique et au cas par cas, sachant que le Maire demande aux élus de trouver un compromis entre eux.

 

Qu’est ce qui vous pousse à faire du développement durable ?

C’est une nécessité pour l’avenir, une solidarité avec les générations futures. Mais c’est aussi une nécessité légale et technique.

 

Quels sont les principaux enjeux et problèmes pour la décennie à venir ?

Les enjeux sont sociaux sur les quartiers de Saint Jean et des Brosses, et écologiques et environnementaux. Sachant qu’il faut arriver à une mixité sociale dans ces quartiers, en évitant le départ des personnes qui trouvent un emploi et en rendant Ces quartiers attractifs notamment en termes d’équipements. Sur le reste de la commune les enjeux sont d’une part l’équilibre entre la construction immobilière , les équipements éducatifs, sociaux (centres sociaux, MJC, …) culturels et sportifs, les espaces verts et d’autre part l’identité de la ville. Villeurbanne doit avoir des équipements à la mesure de la taille de la ville et ne pas être une succession de quartiers sans originalité. Il s’agit ici d’une conception sociétale de la ville.

 

Quels sont les objectifs de la commune en matière de développement durable ?

Des réalisations concrètes telles que :
- La généralisation du PEDIBUS qui concerne actuellement trois écoles et une quatrième qui voudrait suivre.
- Le développement de l’éducation à l’environnement tel que les bons plans, qui rentrent dans ce qui était appelé les journées de l’environnement, avec une déclinaison spécifiquement villeurbannaise.
- Le développement des équipements petite enfance et notamment des crèches.
- Le PDE.
- Le développement du tri sélectif.
- Les opérations HQE dans des bâtiments municipaux

 

Comment rendre le développement durable opératoire ?

Pour être opératoire, le développement durable doit s’appuyer sur des objectifs précis, ponctuels et pragmatiques. Il doit être approprié par les décideurs sans être un habillage de communication, et par les citoyens. Ceci peut ce faire dans le cadre de commissions développement durable. Il s’agit d’obtenir des résultats concrets le plus tôt possible. Le développement durable ne doit pas être un habillage purement formel au niveau de la communication. Il faut qu’il garde un minimum d’originalité autour des trois ou quatre critères évoqués. Ensuite, il s’agit de les hiérarchiser en fonction des diverses contraintes. Il s’agit également de faire changer les habitudes en créant des incitations et des sanctions, ce qui relève plus du long terme.