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Le Cancéropôle Lyon Rhône-Alpes est inscrit dans le Schéma de Développement Economique du Grand Lyon

Interview de Jean-Yves BONNEFOY

<< Nous utilisons les biotechnologies. Les réseaux européens et suisses que nous allons former apportent une première pierre à l’édifice d’un Eurobiocluster >>.

Lancée depuis quelques mois, le Cancéropôle Lyon Rhône-Alpes est l'une des concrétisations majeures de la politique de développement  du Grand Lyon dans le domaine de la santé et des biotechnologies. Sa  réalisation représente un véritable enjeu de santé publique. Rencontre avec le docteur Jean-Yves Bonnefoy, Directeur, en 2003, du Projet Cancéropôle Lyon Rhône-Alpes.

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Date : 09/09/2003

Vous êtes à la tête du Cancéropôle Lyon Rhône-Alpes, pourriez-vous nous présenter le projet ?

Le Cancéropôle Lyon Rhône-Alpes, est un réseau d'excellence  dans le domaine de la lutte contre le cancer. Il repose sur quatre axes : formation,
recherche, clinique et industrielle. L'objectif est de favoriser l'industrialisation  des innovations, afin d'en faire bénéficier le plus grand nombre  de patients. Pour cela, le Cancéropôle est chargé de coordonner,  d'organiser et de valoriser les travaux des 1700 acteurs hospitalo-universitaires  et des 40 entreprises rhônalpines oeuvrant en oncologie. En outre, il  se met au service de la communauté scientifique et médicale en  jouant l'interface avec l'ensemble des partenaires institutionnels et industriels  au niveau national et international.

 

Le Cancéropôle Lyon Rhône-Alpes est inscrit dans le Schéma de Développement Economique du Grand Lyon. Quelle est la part des collectivités  territoriales dans le lancement de ce projet ?

Ce sont elles qui en ont pris l'initiative : fin 2001, le Grand Lyon, le Conseil Régional et la préfecture de région ont décidé  de mettre en place le Cancéropôle Lyon Rhône-Alpes. Dès  début 2003, une équipe a été mise en place. Actuellement,  nous sommes en train de choisir la structure juridique la mieux adaptée  à la mission et au fonctionnement du Cancéropôle. Le Cancéropôle  Lyon Rhône-Alpes est d'ores et déjà administré par un comité de pilotage chargé d'entériner (ou non) les décisions.
Ce comité est constitué du président du Grand Lyon, de  la présidente du Conseil Régional, du président du Conseil  Général, du préfet de région et des responsables  des 16 autres partenaires : les HCL, le CLB, le CEA, l'ENS, l'UCBL1, l'UJF,  l'UJM, l'INSERM, le CNRS, le CIRC, les 3 CHU de la région Rhône-Alpes,  l'ENVL, l'Etablissement Santé du Sang, l'INRIA et l'Institut Cancérologique  de la Loire… Un comité scientifique, composé d'experts dans  le domaine du cancer, évalue les choix scientifiques et médicaux  du Cancéropôle Lyon Rhône-Alpes. Un Club Industriel, réunissant  la quarantaine d'entreprises rhônalpines concernées par l'oncologie,  va être un catalyseur de l'activité économique, d'abord  au niveau régional, puis ensuite au niveau international.

 

Qui sont les porteurs du Cancéropôle Lyon Rhône-Alpes ?

Les collectivités territoriales, tout d'abord. Dans le cadre du Contrat d'Agglomération signé le 8 septembre 2003, elles se sont engagées  à verser un total de 45 millions d'euros, soit 15 millions d'euros chacune. Ensuite, l'Etat, via les Ministères de la Recherche et de la Santé.  En juin 2003, nous avons répondu à un appel d'offre national de  prélabellisation des Canceropoles. Un mois plus tard, nous avons été  prélabellisé, et sur 7 régions, nous avons obtenu la seconde  place en terme de financement, après l'Ile de France. L'Etat nous a alloué 2.85 millions d'euros (pour trois exercices budgétaires) sur cet appel d'offre. Au total, l'Etat contribue à hauteur de 12,7 millions, dont une partie est destinée à l'acquisition d'une technologie RMN Haut Champ (Résonance Magnétique Nucléaire). Un nouvel  appel d'offre ministériel est prévu début 2004. Le soutien  est donc, pour l'instant, essentiellement public, mais nous avons la possibilité,  au cas par cas et après validation de notre comité de pilotage,  de recourir à des financements privés. En fait, nous avons conçu  différents réseaux thématiques pour être en mesure  de répondre à toutes les sources potentielles de financement :  international, européen, national et régional, public et privé.  Tous les financeurs n'ont pas les mêmes objectifs : les collectivités  territoriales favorisent le développement économique, la recherche  de transfert, la valorisation et le développement industriel ; l'Europe  et l'Etat soutiennent plus la recherche académique fondamentale et la  recherche clinique...

 

Concrètement, où êtes-vous localisé ?

Pour l'instant, nous sommes hébergés par l'ARTEB (Agence Régionale  pour le Développement des Technologies Médicales et des Biotechnologies),  dans le 7e arrondissement de Lyon. Notre équipe, appelée à  grossir, va compter à terme une quinzaine de personnes. Nous allons nous  implanter au Bâtiment Laennec du Bioparc Lyon de Rockefeller. C'est un
pôle santé stratégique, placé au cœur des Hôpitaux  Louis Pradel et Edouard Herriot, entre le Centre Léon Bérard,  le CIRC et les facs de médecine….

 

La mission du Cancéropôle Lyon Rhône-Alpes est de structurer  l'activité oncologique des acteurs régionaux de santé.  Comment comptez-vous procéder ?

En montant des projets pluridisciplinaires et des réseaux de travail transversaux. L'idée est de favoriser un décloisonnement en faisant  travailler ensemble des gens qui n'en ont pas assez l'habitude ! 7 axes prioritaires  ont été dégagés : ils couvrent la recherche fondamentale,  la recherche clinique et l'application industrielle. Dans les six mois à  venir, des comités d'experts régionaux, rassemblant des représentants  des différents corps de métier, sont invités à définir  le contenu d'un ou deux réseaux par thématique, chaque réseau  devant être représentatif des différents partenaires et  des trois villes (Lyon, Grenoble, Saint Etienne).

 

Parlons de ces 7 axes prioritaires…

Il y a deux grands thèmes médico-scientifiques, l'épidémiologie  moléculaire & la biothérapie, et cinq thèmes qui s'appuient  sur autant de plateformes technologiques: la génomique fonctionnelle,  la pharmaco génomique, l'imagerie, le centre de ressources biologiques, l'informatique et la bioinformatique. Avec l'épidémiologie moléculaire,  on cible plus le diagnostic : on s'intéresse aux gènes des individus,  marqueurs de l'apparition de la maladie, plus précis et prédictifs.
Avec le soutien de la Région et dans le cadre des " 4 moteurs pour  l'Europe " (région Rhône-Alpes, Catalogne, Lombardie et Bade  Wurtemberg), nous souhaitons monter un réseau de dimension européenne  en épidémiologie moléculaire : Barcelone, Milan et Heidelberg  sont très compétentes en la matière. Nous voudrions réaliser  ensemble de grandes études prospectives sur les pathologies fréquentes  des pays développés pour identifier des marqueurs génétiques  de prédisposition aux cancers. Pour aider à la mise en place de  ce travail, nous voulons dédier des locaux aux équipes de recherche  des " 4 moteurs ", ce qui stimulerait, par ailleurs, l'implantation  locale d'entreprises de sous-traitance en analyse à haut débit  d'échantillons biologiques.

 

Avec votre second thème, la biothérapie, on rentre dans le champ des biotechnologies…

Oui. On traite le cancer à l'aide de produits biotechnologiques ou basés  sur des produits biotechnologiques. On distingue trois grandes catégories  de biothérapies : la thérapie cellulaire (par exemple, la greffe  de moelle), la thérapie génétique (où l'on délivre
un gène codant pour une protéine particulière) et l'immunothérapie  (qui sert à restaurer les fonctions immunitaires déficientes chez  le patient atteint du cancer). Avec le soutien du Grand Lyon, nous comptons  cette fois travailler avec la Suisse, notamment Genève et Lausanne, qui  possèdent une grande compétence sur les essais cliniques des thérapies cellulaires et géniques. Notre objectif est, là, de soutenir la recherche clinique en facilitant les essais multicentriques, qui sont le pré  requis indispensable à l'enregistrement d'un médicament. Habituellement,  trouver plusieurs laboratoires pour valider un médicament n'est pas chose  aisée. En structurant un réseau de laboratoires suisses et rhônalpins, nous garantissons aux entreprises à la fois un gain de temps et un label  qualité. Cela contribue à augmenter l'attractivité de la  région Rhône-Alpes. Dans le même esprit, nous programmons  de créer un réseau d'unités de thérapie cellulaire  entre Lyon, Grenoble et St Etienne. Ces unités, basées dans les  hôpitaux et les centres anti-cancéreux, traitent les patients avec  des produits cellulaires qui répondent à des normes réglementaires sévères : environnement, traçabilité, qualité,  documentation… Nous souhaitons lancer une unité de production aux  normes BPF (Bonnes Pratiques de Fabrication) qui aura pour effet de tirer vers  le haut le niveau de compétences de ce réseau régional.

 

Et en ce qui concerne les cinq plateformes technologiques, quels sont les travaux envisagés ?

Pour la génomique fonctionnelle, il s'agit de déterminer la fonction des gènes et de parvenir à l'exploiter d'un point de vue industriel.  Pour la pharmaco génomique, on classe chaque patient, sur la base de  son profil génétique, en " répondeur " ou "  non répondeur " à un traitement et également en terme  de tolérance ou intolérance. En imagerie, on développe  de nouveaux traceurs, détecteurs et logiciels d'analyse. Pour le centre de ressources biologiques, nous proposons de coordonner l'ensemble des tumorothèques  disponibles et à venir en Rhône-Alpes. En informatique et bioinformatique,  il s'agit de stockage, de gestion et d'analyse des données générées par les acteurs régionaux.

 

Le projet du Canceropole Lyon Rhône-Alpes est-il lié à celui du Biocluster ?

A proprement parler, pas directement, mais il y a des passerelles évidentes : nous utilisons les biotechnologies et les réseaux européens et suisse que nous allons former apportent une première pierre à  l'édifice d'un Eurobiocluster. On est clairement dans la même finalité  de développement économique : en valorisant les forces régionales  existantes en cancérologie, le Cancéropôle Lyon Rhône-Alpes  contribue à augmenter l'attractivité de la région Rhône-Alpes.  Une fois que nous aurons un peu plus avancé dans nos réalisations,  notre souhait est d'attirer de grosses entreprises internationales : en "pharma cancer", en Recherche et Développement, en marketing, en  essai clinique… Pour la prospection, nous travaillons déjà  main dans la main avec l'ADERLY et la DAEI du Grand Lyon.