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La prospective au défi de l’action publique Réflexions à partir de l’expérience du Grand Lyon

Foire mondiale de New York, 1939© Norman Bel Geddes Futurama

Étude

Cet article est le fruit d'échanges quotidiens au sein de la direction de la prospective et du dialogue public (DPDP) du Grand Lyon, en particulier avec avec Pierre Houssais, directeur de la DPDP, Jeanne Cartillier, responsable du pôle Participation citoyenne, Pascale Fougère, responsable du pôle Edition, Corinne Hooge, animatrice de la politique Métropole des savoirs et Caroline Richemont, responsable du pôle Marketing public. Sa rédaction a été rendue possible par le travail conduit par Cédric Polère sur l'histoire et les questions actuelles de la prospective. Cédric Polère a notamment réalisé une quinzaine d'entretiens avec des prospectivistes français, dont nous reprenons certains extraits dans l'article.
Enfin, cet article tire partie des réflexions de Boris Chabanel sur la notion d'intelligence prospective. Cédric Polère est sociologue, Boris Chabanel consultant chez Nova7. Ils sont l'un et l'autre membres du réseau de veille de la DPDP.

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Date : 01/12/2012

Née en France dans les années 1950 sous l'impulsion de Gaston Berger, développée ensuite au sein de l’appareil d’État et des grandes entreprises, la prospective a connu unetraversée du désert dans les années 1980 (en cause : la crise de la planification nationale et l’incapacité à anticiper des ruptures majeures telles que les chocs pétroliers ou la dissolutiondu bloc soviétique), avant de connaître un renouveau à partir des années 1990 à la faveur notamment de la décentralisation administrative. La prospective territorialefaisait son apparition en tant que technique et espace de dialogue indispensable pour l'élaboration des projets de développement des territoires.Au Grand Lyon, la prospective est née dans cette mouvance à la fin des années 1990, à l'occasion de l'élaboration d'un projet d'agglomération engendré par la démarche Millénaire3. Mais dès l’origine, cette prospective s'est centrée sur la relation entre la société urbaine et les politiques publiques, et ce tropisme n'a cessé de se renforcer jusqu'à aujourd'hui. Les démarches de planification des territoires ont en effet perdu en partie leur capacité à impulser, encadrer ou exprimer des stratégi es réelles. Beaucoup se jouant désormais à d'autres niveaux, projets, management, innovati on, etc. la prospective du Grand Lyon s'est redéployée sur ces nouveaux terrains. Née dans le contexte de la prospective territoriale, elle est devenue une prospective de l’action publique Proche de l’opérationnel, interrogeant le « comment faire ? » au moins autant que le « que faire ? » , cette prospective de l’action publique possède des convergences avec la pratique de la prospective du présent telle qu’elle s’est mise en place au sein de la RATP au cours des quinze dernières années. Elle apparaît comme originale dans l’univers des collectivités territoriales où dominent encore largement les exercices de prospective territoriale en lien avec la planification.Cet article poursuit un double objectif. Il tente d’abord de partager l’expérience du Grand Lyon et si possible d’en révéler la fécondité (partie 1). Il s’efforce ensuite, en s’appuyant surcette expérience, de montrer les tensions auxquelles sont soumis les dispositifs de prospective au sein des institutions et des territoires aujourd’hui : pensée réactive et connective,versus pensée profonde ; prospective liée à l’opérationnel versus travail sur les finalités et sur les valeurs ; etc. Ces tensions, ou points de vigilance, seront présentés sous la forme de cinq propositions (partie 2). Le propos tenu ici sera donc celui de praticiens s’ouvrant à des questionnements théoriques et interrogeant le rapport de la prospective au temps, au management et au politique.