L’action institutionnelle, en incluant aussi les acteurs associatifs, vise à penser un traitement des risques de non-recours et plus globalement l’accès de tous aux droits sur un renouvellement de nos principes de solidarité. La question du renouvellement de la solidarité est majeure. Face à ces problèmes et enjeux qui leur sont communs, ces acteurs peuvent de moins en moins fonctionner comme avant par segmentation des publics et cloisonnement des dispositifs. Ils sont peu à peu conduits à sortir de la propriété habituelle des ressources et des publics. Tous les acteurs de l’aide et de l’action sociale ont des ressources humaines qu’ils tentent de préserver. Or, les conditions de proximité nécessaires pour être efficace dans la résolution des problèmes sociaux ne sont pas remplies. Il s’agit alors de penser comment, du fait de ces contraintes, on pourrait trouver de meilleures équations en système contraint pour non plus penser en terme de « public », mais en terme de « population ». Autrement dit, comment peut-on redéployer des moyens, y compris dans une sorte de transversalité institutionnelle pour mieux accueillir, orienter, accompagner cette population qui décroche ? Est-on prêt à penser les termes d’un pré-accueil inconditionnel ? A clarifier les objectifs et moyens de chacun dans une « grammaire des arrangements institutionnels et organisationnels commune » ? C’est ce qui commence à apparaître localement, même si ce phénomène n’a pas encore pris la forme d’un ensemble coordonné et cohérent parce qu’il n’y a pas de politique globale. L’enjeu est de retrouver des chefs de file qui puissent coordonner l’action sociale sur le terrain. Prendre en compte le non-recours aux droits est pensé comme un levier pour réformer le modèle de l’action sociale d’inclusion dans le sens d’un plus grand partage d’objectifs et de moyens entre acteurs. L’horizon politique de cette adaptation structurelle est celui du passage à une politique sociale territorialisée. Ici, un enjeu majeur est identifié quant aux connaissances sur le non-recours. Car pour instituer la lutte contre le non-recours comme catégorie d’action publique, il est nécessaire de pouvoir objectiver le problème et dégager des arguments utiles à la concertation ou à la négociation interinstitutionnelle sur les enjeux de moyens.
Poser la question des solidarités aujourd’hui, c’est se reposer la question entre acteurs divers et variés d’une possibilité de sortir de ses propriétés et de retrouver l’idée d’un « commun » en référence aux travaux de l’économiste Elinor Ostrom. Comment à partir de logiques qui pourraient être partagées, peut-on intervenir plus collectivement, en incluant aussi les populations elles-mêmes qui ont éminemment leur mot à dire sur ce qu’on leur propose ? Si on veut agir sur le non-recours durablement, il ne faut pas être dans le court terme d’une réponse immédiate qui est soumise à de fortes contraintes règlementaires et budgétaires, mais il convient de préparer les professionnels à ces questions éventuellement au sein de formations dans lesquelles des habitants, des usagers pourraient intervenir. Ceci pose la question du « comment » on réintègre Monsieur X dans un design institutionnel d’ensemble incluant la participation des populations à partir de leur expérience.