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Les enjeux politiques de la régulation des plateformes : quel rôle pour les métropoles ?

Interview de Evgeny Morozov

Chercheur et écrivain, Evgeny Morozov développe une critique radicale des technologies et de l’idéologie du numérique promue par la Silicon Valley. Dans son premier ouvrage The Net Desillusion. The Dark side of Internet Freedom, paru en 2011, Evegeny Morozov décrivait Internet comme un instrument de contrôle alors qu’il était alors majoritairement perçu comme un moyen d’émancipation politique après les printemps arabes. Il publie ensuite Pour tout résoudre, cliquez ici, qui est une critique de l’idéologie du solutionisme promue par les acteurs de l’économie numérique. Dans son dernier ouvrage, Le Mirage numérique, en analysant conjointement les évolutions de l’économie politique et le développement des technologies numériques, Evgeny Morozov dévoile « l’idéologie de la Silicon Valley » qui consisterait à substituer des infrastructures numériques à l’État social.

Dans cet entretien, Morozov revient sur ses thèses critiques pour pointer les effets sur les villes et en proposant quelques pistes d’actions pour les collectivités locales. 

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Date : 03/05/2016

Comment analysez-vous l’omniprésence des services numériques dans nos vies et dans nos villes ?

’avec le déclin de l’usine comme institution, les villes fonctionnent plutôt selon les principes des marchés financiers

Il faut faire une analyse politique et sociologique de ce qui se passe dans les villes avec la même grille de lecture de ce qui se passe à l’échelle des États ou de la planète. Et clairement, on assiste à une accélération et une intensification de la « privatisation » (au sens d’une prise de contrôle par des grandes entreprises privées) de notre vie quotidienne et de nos relations sociales. Le développement des technologies numériques est un des principaux facteurs explicatifs de ce phénomène car ces technologies permettent très facilement de tout gérer, les objets et les personnes, comme des produits qui s’échangent sur un marché. On peut anticiper les évolutions de l’offre et de la demande, fixer des prix, et même élaborer des produits financiers sur cette base.

Les technologies numériques dont je parle ne sont pourtant pas très élaborées. Il s’agit de capteurs qui permettent de collecter de l’information, de réseaux qui font circuler cette data en temps réel, et puis des interfaces ou des écrans qui diffusent ces contenus aux utilisateurs. 

Tout est en place pour générer de la valeur et la capter dans une logique de marché, dans une logique financière.

Idéalement la ville devrait échapper à cette évolution et ce sont les logiques non-marchandes qui devraient y prospérer, car les villes sont le lieu où les gens se retrouvent, se rencontrent et tissent des liens en dehors de l’usine ou de leurs lieux de travail. Les logiques marchandes, hiérarchiques et bureaucratiques devraient être cantonnées au monde de l’entreprise. En fait, beaucoup de marxistes diraient que la ville est progressivement devenue une « usine sociale », envahie par les logiques de l’entreprise. Et moi je dirais même qu’avec le déclin de l’usine comme institution, les villes fonctionnent plutôt selon les principes des marchés financiers. La ville est en train de passer d’une  « usine sociale » à un « fond spéculatif social » !

Pour résumer, notre contexte urbain est celui d’une ville marchandisée, appropriée et dominée par les logiques du marché et de la finance.

Dans ce contexte, que pensez-vous de l’entrée en scène de grandes entreprises technologiques sur le champ urbain ? Comment abordent-elles leurs relations avec les collectivités locales ?

C’est dans ce contexte de transformation de la société que des grandes entreprises viennent proposer leurs solutions aux collectivités et il y a trois modèles différents. Le premier, c’est celui d’IBM et de Cisco par exemple, qui vise à optimiser les ressources ou les infrastructures urbaines en déployant des capteurs et des algorithmes performants. Ces entreprises proposent aux villes d’améliorer la qualité de leurs services, d’utiliser de manière plus efficiente leurs actifs, sans avoir besoin d’investir dans de nouvelles infrastructures. Elles comptent ainsi s’attaquer à tous les problèmes majeurs auxquels nous sommes confrontés dans notre vie quotidienne de citadin, avec des solutions technologiques d’optimisation : pollution, sécurité, stationnement, congestion des transports, etc.

Le deuxième modèle, celui des plateformes de services comme Uber ou Airbnb, propose une interface pour mettre en relation l’offre et la demande de services sur un territoire. L’ambition de ces entreprises est d’une part de permettre aux habitants d’arrondir leurs fins de mois en louant leurs biens sous-utilisés ou leur force de travail, et d’autre part de répondre à des besoins non servis par les offres standards, celles des hôtels ou des taxis par exemple.

Le troisième modèle est un prolongement du précédent. C’est celui de Google qui de manière insidieuse s’immisce dans notre vie quotidienne pour la rendre plus agréable et plus fluide. En fait, Google est une machine géante à transformer de la surveillance de masse en gain de temps. Plus cette entreprise collecte des informations sur vous,  plus elle est à même de vous proposer des services adaptés à vos besoins et à mieux remplir votre vie. Avec leur service Google Calendar, l’entreprise analyse votre emploi du temps, repère des plages disponibles et vous suggère la meilleure manière de l’occuper, en fonction de vos goûts ou de vos habitudes passées… Google se propose de rendre votre vie plus facile en vous aidant à naviguer dans la ville, en sélectionnant pour vous le café dans lequel vous devriez vous arrêter boire un verre, en vous indiquant les heures auxquelles visiter tel ou tel musée, etc. Elle peut faire ça car elle a collecté d’immenses volumes de données sur vous, vos préférences et vos comportements depuis des années que vous utilisez ses services. Aujourd’hui, il serait très difficile de déloger Google de cette position de monopole tant sa connaissance de la vie intime de presque tout le monde est immense. Pour des entreprises centrées sur la donnée comme Google (data-driven) les effets de réseau jouent à plein et plus elle sait de choses sur chaque individu, plus elle améliore la qualité des services qu’elle leur rend, plus ils apprécient ses services, plus elle devient indispensable, et plus elle acquiert de nouvelles connaissances sur ces individus… La boucle est bouclée !

Il me semble qu’aujourd’hui les citoyens perçoivent ces transformations de manière contrastée : ils apprécient les améliorations de leur qualité de vie mais en même temps se méfient de plus en plus des conséquences négatives de ce processus de transformation. Ils se rendent compte que la marchandisation de leur vie quotidienne pose problème, et je crois même qu’ils commencent à se dire que le système capitaliste lui-même ne fonctionne plus. Les équilibres qu’avait trouvés ce système, entre le capital et les travailleurs, les retraités, les chômeurs, ou les jeunes par exemple, sont rompus. L’idée même que le capital peut faire des compromis avec ces groupes sociaux pour rester productif n’a plus de sens à l’heure où le capitalisme est tellement orienté par des intérêts financiers qu’il est devenu parasitique. Sa première source de création de valeur n’est plus la production de biens ou de services mais la finance. Il n’a donc plus aucune obligation envers les travailleurs.

Cette crise du système conduit à de nombreuses protestations, des manifestations sur l’espace public, l’apparition de nouveaux partis politiques anti-système, et d’autres formes d’activisme… Et la ville est bien évidemment le lieu propice pour exprimer ce mécontentement. Pourtant le secteur des technologies numériques dont nous venons de parler n’a pas encore fait l’objet de critiques trop virulentes de la part des citoyens. C’est probablement parce que le numérique bénéficie encore d’une image positive dans la société. La rhétorique que véhiculent les entreprises de la Silicon Valley, vantant le progrès et l’innovation sociale, est encore très forte et appréciée. Le capitalisme numérique ne subit pas encore les mêmes critiques que les autres secteurs du capitalisme financiarisé mais on commence tout de même à voir de premiers signes de mécontentement concernant le modèle de travail proposé par Uber, le soi-disant accès gratuit à internet offert par Facebook en Inde, l’impact d’Airbnb sur la gentrification de certains quartiers dans les grandes métropoles, la surveillance généralisée de nos vies quotidiennes exercée par toutes les grandes plateformes qui collectent des données privées sur tous leurs utilisateurs.

Pensez-vous que les gouvernements locaux sont légitimes pour porter ce type de critiques ? Ont-ils suffisamment de poids pour tenter de réguler ces grandes plateformes numériques, au bénéfice de leurs habitants et de leurs territoires ?

je suis persuadé que les gouvernements locaux ne peuvent pas agir seuls, ils n’ont pas assez de poids financier. Ils doivent rassembler leurs forces et agir collectivement.

En fait, la posture des collectivités locales vis-à-vis des grandes plateformes numériques, dépend de leur positionnement politique sur un sujet de fond : la financiarisation du capitalisme et de notre économie. On va trouver d’un côté des villes, acquises à une vision néo-libérale du monde, qui signent des accords de partenariats avec IBM ou Cisco pour se valoriser en tant que « smart city » sur la scène internationale. D’un autre côté, certaines collectivités tentent d’imposer des régulations contraignantes aux plateformes qui veulent se déployer sur leur territoire. Ce n’est pas un hasard si ce sont des villes comme Barcelone ou Berlin qui ont, les premières, adopté une posture critique vis-à-vis d’Airbnb et ont imposé des restrictions sur ce type d’activité. Maintenant, Amsterdam et Paris ont suivi ce mouvement et de nombreuses autres métropoles ont pris conscience de leur intérêt et de leur légitimité à agir pour réguler ces plateformes. Reste que, lorsque ces collectivités prennent des mesures, elles sont plus ou moins radicales en fonction de leur positionnement politique, et de leur capacité à prendre du recul par rapport à l’imbrication croissante entre la technologie et le capitalisme financier que j’évoquais précédemment.

Au-delà de ces postures politiques et de ces tentatives de régulation, il subsistera toujours un enjeu économique. Si une ville souhaite avoir une réelle influence sur le développement de son territoire, sans dépendre de partenariats « smart city » avec des grandes entreprises technologiques, elle doit être en mesure de lever des fonds pour financer des investissements sur ces technologies numériques et déployer ses propres capteurs, infrastructures, et services. C’est là aussi que les villes doivent conquérir leur indépendance et cela passe notamment par un rapport de force vis-à-vis des grandes agences de notation financière internationales. Je trouve que la position de fermeté adoptée par la nouvelle municipalité radicale de Madrid sur ce point est particulièrement inspirante : elle a même été jusqu’à résilier ses contrats avec Fitch et Standard & Poor’s !

Finalement, quelles que soient les prises de positions symboliques que les villes adoptent vis-à-vis de ces grandes entreprises ou plateformes numériques, une partie importante de leur pouvoir résidera toujours dans leur capacité à investir et à mobiliser des fonds. C’est le jeu du capitalisme financier et l’argent est un vecteur de pouvoir très important. C’est pour cela que je suis persuadé que les gouvernements locaux ne peuvent pas agir seuls, ils n’ont pas assez de poids financier. Ils doivent rassembler leurs forces et agir collectivement.

Est-ce que la création d’une alliance de villes, comme cela a été annoncé récemment par Paris et une dizaine de villes dans le monde, suffira à mieux réguler cette économie numérique qui investit la ville ?

je pense qu’il faut non seulement une alliance de villes entre elles, mais aussi avec les Etats, et même à l’échelle de l’Europe pour développer une infrastructure numérique européenne permettant aux villes et aux citoyens de reconquérir leur autonomie.

On a deux cas de figure bien différents. Le plus simple c’est celui qui concerne les grandes entreprises numériques qui déploient des infrastructures de capteurs et des systèmes d’optimisation, comme IBM, Microsoft ou Cisco. Ces entreprises ne sont pas très différentes des traditionnels opérateurs urbains, comme Veolia, EDF ou Suez. Elles négocient un contrat avec une ville pour mettre en place leur service mais il est tout à fait possible de le renégocier, voire de reprendre en régie le service. Il suffit à la ville d’en avoir les moyens financiers et la volonté politique.

Le cas des plateformes, et de Google en particulier, est bien plus complexe. Elles opèrent en entrant directement en relation avec les citoyens-usagers, sans avoir besoin de négocier des contrats avec les Etats ou les villes, ni même de déployer des infrastructures dans bien des cas. Elles interviennent à un niveau global en offrant des services, souvent gratuits, au monde entier ce qui leur permet de faire jouer des économies d’échelle et des effets de réseau impressionnants. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est impossible pour une ville seule d’offrir une telle qualité de services localement à ses habitants car cela nécessiterait des investissements démesurés : pensez aux services d’email, de cartographie, de moteur de recherche, de vente ou de location en ligne de biens ou services accessibles partout dans le monde, etc.

C’est pour cela que je pense qu’il faut non seulement une alliance de villes entre elles, mais aussi avec les Etats, et même à l’échelle de l’Europe pour développer une infrastructure numérique européenne permettant aux villes et aux citoyens de reconquérir leur autonomie. Malheureusement c’est impossible aujourd’hui, dans l’état actuel de l’Union. Il faudrait pouvoir réallouer des sommes considérables des budgets européens et développer une vraie vision politique sur cette question. L’enjeu est pourtant de créer de nouvelles infrastructures sur lesquelles on aurait le contrôle et sur lesquelles les villes pourraient bâtir leur stratégie de services localement.

Mais avant de penser à ce type d’investissements, il serait déjà utile de réunir des villes pour travailler ensemble sur le type de services qu’elles pourraient mutualiser et comment elles pourraient développer des offres locales de substitution à celles des plateformes de la Silicon Valley. Il y a peut-être un intermédiaire entre accepter les services de ces géants numériques américains et développer un service propre dans chaque ville. De belles opportunités de collaboration en perspective, même s’il ne sera pas évident de faire travailler ensemble des villes qui ne partagent pas les mêmes principes du service public. Entre les municipalités porteuses d’une vision néo-libérale et d’autres comme Barcelone les points communs sont minces, même si on pourrait envisager une entente sur des questions de souveraineté… 

Y a-t-il d’autres défis à relever pour les villes dans leurs rapports avec ces plateformes ?

Il serait crucial que les villes ou plutôt les régions obtiennent que ces données soient stockées localement plutôt qu’en Californie.

Pour moi, les données sont un enjeu majeur dans l’économie numérique. Je parle des données que toutes les plateformes collectent sur nous quand on utilise leurs services. Il serait crucial que les villes ou plutôt les régions obtiennent que ces données soient stockées localement plutôt qu’en Californie. C’est un préalable pour qu’elles puissent être maîtrisées localement et pour reconquérir une autonomie stratégique dans le déploiement de services numériques sur un territoire.

Bien sûr, cela devrait passer par une stratégie nationale ou européenne mais il n’y a malheureusement pas de volonté politique car l’Europe est sous pression de la part des Etats-Unis pour favoriser toujours davantage la libre circulation des données. En outre, la moindre évocation d’une relocalisation des données est taxée de « balkanisation » de l’internet ou de réaction protectionniste que seuls des états autoritaires comme la Chine ou la Russie peuvent se permettre…

Il est pourtant impératif de porter cette problématique au niveau politique et européen. Une fois que l’on aura trouvé un portage politique, que l’on aura instauré des règles du jeu claires et mis en place des infrastructures européennes, alors il sera possible pour les villes de déployer une stratégie locale pour regagner de l’autonomie et des marges de manœuvre vis-à-vis des plateformes.

Dans cette bataille pour la maîtrise des données, leur stockage et leur localisation ne suffit pas. Comment les villes peuvent-elles trouver leur place face à la diversité des services offerts par les grandes plateformes numériques ?

leurs maires, des figures publiques importantes, doivent porter ce débat sur la scène nationale ou européenne.

Au-delà de ces immenses quantités de données accumulées par ces plateformes, et en particulier par Google, il faut aussi prendre conscience qu’elles ont investi massivement dans le développement d’algorithmes et d’intelligence artificielle pour exploiter ces données. Là encore, s’il est encore temps de leur opposer une alternative, il faudrait que les villes et les états joignent leurs efforts. Bien entendu je ne parle pas du vieux rêve de création d’un moteur de recherche européen pour accéder à internet... En fait, la plus grande partie des recherches sur internet sont locales : les habitants de Lyon n’ont aucune raison de chercher des informations sur la Tanzanie, et ne savent même probablement pas où se trouve ce pays ! On n’a pas besoin de créer un concurrent global à Google, on a davantage besoin de créer des solutions locales, réunissant des partenaires à l’échelle des villes ou des régions, pour partager des données et développer des services adaptés aux besoins locaux des habitants. C’est comme cela qu’un habitant de Lyon pourrait se rendre compte que 25 autres personnes prennent leur voiture pour faire le même trajet que lui tous les matins, et ils pourraient essayer d’inventer ensemble une solution plus soutenable. Ainsi, si ces habitants ont accès aux données locales s’ils acquièrent les savoir-faire pour les utiliser, ils peuvent agir. Ils sont en capacité de réclamer une amélioration du service de transport collectif, voire de développer leur propre solution de transport grâce au covoiturage par exemple.

Il existe déjà de nombreuses initiatives d’empowerment de ce type-là, comme les InfoLabs en France, mais elles sont largement insuffisantes si elles ne s’accompagnent pas d’une décision politique forte pour sortir la « Silicon Valley » du système et acquérir la maîtrise locale des données et des infrastructures. C’est un combat politique qu’il faut mener et l’on ne doit pas oublier que la stratégie de ces grandes plateformes c’est justement de se rendre de plus en plus indispensables et d’augmenter les coûts que l’on encoure si l’on reste en dehors de leurs écosystèmes ! Aujourd’hui, si vous n’utilisez pas Google vous passez à côté de nombreux services qui sont devenus comme une norme sociale, le mail, le moteur de recherche, les cartes, la bureautique et le stockage de fichiers, et tous leurs nouveaux services prédictifs… Si l’on ne s’attaque pas à ce problème de fond, toutes les initiatives locales d’éducation à la donnée et au bon usage du numérique ne sont que de petites distractions anecdotiques, des hobbies pour occuper notre temps libre, qui n’ont aucune conséquence sur le système établi. Je pense même que ces initiatives locales et décentralisées seront facilement absorbées et intégrées par le modèle dominant du capitalisme de plateforme : elles ne font que l’adapter à la marge, sans avoir le poids pour le remettre en cause.

C’est pour cela qu’il faut absolument politiser le débat sur notre dépendance européenne aux grandes plateformes américaines. Je m’inquiète vraiment de la concentration du pouvoir et, à défaut d’arriver à mettre au point des alternatives européennes, peut-être qu’il faudrait même envisager d’utiliser des grandes plateformes russes ou chinoises, pour introduire un peu de diversité et de concurrence…

Finalement, même si les villes n’ont certainement pas le pouvoir de mettre en œuvre une telle stratégie, leurs maires sont des figures publiques importantes qui doivent porter ce débat sur la scène nationale ou européenne. Sinon, les villes seront progressivement rendues obsolètes et leurs services publics seront remplacés par les services des plateformes. Ce qu’elles mettent en œuvre pour réguler l’activité d’Airbnb ou d’Uber sur leur territoire est un point de départ nécessaire, pour affirmer leurs principes et leurs règles du jeu. Maintenant elles doivent s’attaquer au fond du problème, à briser ces monopoles et à accompagner la transformation politique du système et de l’idéologie qui sous-tendent l’activité de ces grandes plateformes numériques.