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La politique stéphanaoise à l’égard du développement de la recherche et des formations

Interview de Khaled BOUABDALLAH

<< Pôles d’excellence ou pas, ce qui compte c’est la qualité de la recherche >>.

A la présidence de l’Université Jean Monnet depuis janvier dernier, Khaled Bouabdallah, président de l’Université Jean Monnet à Saint-Etienne, nous dévoile les grandes lignes de sa politique à l’égard du développement de la recherche et des formations.
Il évoque la nécessaire pluridisciplinarité de l’Université stéphanoise, défend sa place au sein de Rhône-Alpes, sans fermer pour autant la porte à une organisation plus pertinente, à l’échelle métropolitaine avec Lyon.

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Date : 30/12/2006

Votre parcours en quelques lignes ?
Je suis professeur des universités en économie. J’ai commencé mes études à l’Université de Saint-Etienne avant de les poursuivre à Lyon II, où j’ai passé mon doctorat. En 1993, j’ai obtenu un poste de maître de conférence à l’Université de Saint-Etienne. En 2002, je suis parti exercer à Chambéry en qualité de professeur. L’année suivante, j’ai finalement obtenu un poste de professeur à l’Université Jean Monnet. Parallèlement à cela, je dirige une équipe de recherche, bâptisée « Equipe de Recherche Technologique en Ingénierie Territoriale ». Equipe que j’ai créée en 2001. Depuis 2003, j’étais également directeur de l’Institut Supérieur d’Economie d’Administration et de Gestion (ISEAG) de l’Université Jean Monnet.

 

Pourquoi vous êtes vous présenté à la présidence de l’Université Jean Monnet ?
Je souhaitais impulser une nouvelle dynamique à l’Université de Saint-Etienne. Et ce à tous les niveaux. Le premier point concerne la recherche. Il faut faire en sorte que la recherche devienne un véritable élément moteur de la croissance de l’Université. Le second point c’est l’internationalisation des formations. Il me semble essentiel de donner un coup d’accélérateur à l’internationalisation, notamment pour les Masters. Enfin, j’ai la volonté de changer la manière dont l’Université est dirigée. Il faut donner plus de place à la démocratie participative, être plus à l’écoute des personnels et des étudiants et des différentes composantes de l’Université. Bref, il faut que l’Université, en tant que structure, soit réellement au service de ses usagers, à savoir les étudiants et les enseignants/chercheurs.

 

Comment comptez-vous « Impulser une nouvelle dynamique », notamment dans le domaine de la recherche ?
Depuis une dizaine d’année, l’Université a mis en place une politique basée sur des pôles d’excellence : Optique/Vision, Exercice Sport et Santé et Développement Territorial. L’essentiel du développement de l’Université a donc été axé sur ces trois pôles. Ma conviction, c’est qu’il faut mettre en place une politique plus équilibrée, une politique qui soutienne et valorise des pôles d’excellence, mais une politique qui s’appuie aussi sur des équipes de recherche performantes en dehors des pôles. Ce qui est important en matière de recherche, c’est l’évaluation de la qualité de la recherche. Nous avons aujourd’hui des équipes de recherches très performantes en dehors des pôles. Ces équipes doivent être soutenues très fortement, au même titre que les équipes de recherche qui œuvrent dans le cadre des pôles.

 

Ce n’était pas forcément le cas jusqu’à présent ?
Je ne veux pas être caricatural. Je veux simplement dire qu’il faut avoir une politique plus équilibrée. On ne peut pas résumer la politique scientifique de l’Université aux pôles et dire qu’il n’y a rien d’autres. Ce n’était pas tout à fait le cas jusqu’à présent, mais on avait tendance à concentrer tous nos efforts sur les pôles. Pour ma part, pôles d’excellence ou pas, ce qui compte c’est la qualité de la recherche. Et la qualité ne se mesure que par l’évaluation faite par les instances extérieures. Je ne suis pas contre une politique de pôles, dans la mesure où il s’agit de pôles de qualité et que cette politique ne se fait pas au détriment d’autres équipes de recherche de qualité.

 

A l’heure de la régionalisation, pensez-vous que l’Université Jean Monnet doit conserver sa vocation pluridisciplinaire ou s’engager sur la voie de la spécialisation et de la complémentarité par rapport à des villes comme Grenoble ou Lyon ?
Contrairement à Lyon ou Grenoble, Saint-Etienne ne dispose que d’une seule université. Elle est de fait pluridisciplinaire. Or, dans une agglomération comme celle de Saint-Etienne, il me paraît important de conserver cette pluridisciplinarité. C’est ce qui a permis et permet aujourd’hui encore à une partie de la population d’accéder à un enseignement supérieur. Je ne mettrais donc pas les considérations financières en avant comme critères de jugement. Cela étant, je crois aussi qu’il faut réfléchir à l’échelle métropolitaine et trouver une organisation plus pertinente avec Lyon. Il ne faut pas se priver de cette possibilité de trouver ou inventer des complémentarités. Cela fait partie du champ de réflexion dans lequel on doit inscrire le développement de l’Université.

 

Selon vous, Saint-Etienne peut-elle occuper une place de choix en Rhône-Alpes en matière d’enseignement supérieure et de recherche ?
Sur les considérations de natures scientifiques, Saint-Etienne a un rôle à jouer en Rhône-Alpes. Il est vrai qu’en terme de masse, on ne fait pas le poids. En revanche, Saint-Etienne pèse sur de nombreux secteurs comme la santé, l’optique, le génie sensoriel ou les sciences humaines et sociales. Dans ces domaines, nous avons une excellence scientifique de haut niveau. Le deuxième aspect qui me parait important, c’est l’aménagement du territoire. La région Rhône-Alpes ne se limite pas à Lyon et Grenoble. Saint-Etienne est une agglomération importante, avec un poids économique et des secteurs économiques forts. De ce fait, elle doit trouver sa place dans l’aménagement du territoire de la région. Il ne faut pas oublier que l’Université est un vecteur important du développement économique local . D’autant plus important que l’Université joue un rôle primordial dans la nouvelle économie de la connaissance et les relations entre la recherche et les industries. Saint-Etienne et l’Université Jean Monnet ont donc incontestablement une place à tenir au sein de cette économie régionale.