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L'intégration des minorités à Munich

Interview de Hans HERDE

<< aucune nationalité particulière ne domine la population immigrée >>.

Hans HERDE, responsable du développement urbain de la ville de Munich répond à des questions portant sur:
- les structures légales pour les minorités munichoises
- la politique du logement à Munich
- l’intégration des minorités
Propos recueillis pour le Cahier Millénaire 3, n° 28 (2002), pp79-80.

Réalisée par :

Date : 17/01/2002

Quelles sont les structures légales que peuvent prendre les groupements de minorités ? 

Les minorités sont libres de créer des organisations, qui peuvent prendre les mêmes formes légales que celles proposées aux Allemands en général. Les associations peuvent par exemple avoir une existence formelle ou informelle. Certains avantages accordés aux associations religieuses par la législation en la matière ont été supprimés à la fin de l’année 2001. L’organisation de groupements religieux reste cependant un droit constitutionnel et demeure libre. Simultanément, les collectivités locales essaient de mobiliser les groupes et associations de minorités dans le cadre de mesures concernant les minorités ou les immigrés . Elles soutiennent les associations, les programmes spéciaux en milieu scolaire ou de formation pour adultes, certaines manifestations, ou encore elles sponsorisent l’association EinWeltHaus (que l’on peut traduire par la "maison du monde") qui multiplie les actions interculturelles et les aides envers les étrangers. Un comité consultatif des immigrés (Ausländerbereit) auprès de la municipalité est ainsi élu régulièrement par les résidents étrangers. Mais ces associations et groupements ne représentent pas complètement les individus dont ils sont les porte-parole car le taux de participation aux élections n’est pas proportionnel. De plus, les sensibilités politiques sont très diverses selon les nationalités et la durée de résidence. La structure de la population immigrée en terme de nationalités est très variée à Munich, et il est donc difficile de représenter la diversité de ses intérêts. 

 

Comment est gérée la politique du logement des minorités ethniques à Munich ?

Munich possède une longue tradition d’accueil des résidents étrangers . Une période importante est celle qui s’étend de la fin des années cinquante à la fin des procédures officielles de recrutement en 1973, où les étrangers étaient désignés par l’euphémisme de "travailleurs invités". Mais cela n’a jamais provoqué à Munich la formation de zones ethniques ni de "ghettos". Cela peut être dû à la proportion relativement faible de groupes aux cultures divergentes, au fait qu’aucune nationalité particulière ne domine la population immigrée, et à la bonne santé économique de la région de Munich, qui a permis d’éviter la formation de zones défavorisées et de bidonvilles. À classe égale, les immigrés ont toujours fait preuve d’un comportement comparable à celui des Allemands. Cela témoigne d’une intégration toujours meilleure, à mettre sur le compte des affinités culturelles, de la situation économique et des longs séjours. Le secteur privé et les sociétés d’économie mixte sont les principaux actionnaires dans le domaine du logement social, dont l’importance n’a cessé de décroître fortement. Le fossé se creuse entre la politique du logement social d’une part, et l’attribution ou l’offre de logement de l’autre, car les prix des terrains et des loyers sont si élevés que le secteur public a du mal à faire face à la concurrence. Les populations minoritaires tendent à se concentrer dans certaines zones fortement urbanisées et dévaluées, ainsi que dans les endroits à forte proportion de logements sociaux. Cela dit, cette configuration est aussi celle des classes laborieuses urbaines en général. Il n’y a pas de forte concentration de minorités ; cela est également vrai d’autres minorités telles que les minorités religieuses.

 

La conjoncture économique actuelle est-elle propice à l ’intégration des minorités ?

Les taux de chômage des minorités ethniques sont généralement plus élevés, du fait généralement de l’insuffisance de leur qualification et non du fait de discriminations. De manière générale, la structure économique locale ne peut pas absorber toute la main-d’œuvre, car les emplois de l’industrie traditionnelle, pour lesquels les "travailleurs invités" avaient été recrutés à l’origine, disparaissent rapidement. La plupart d’entre eux n’ont pas eu les moyens de mettre à jour leurs qualifications. Il n’y a, parallèlement, aucun dispositif institutionnel pour attirer les entreprises dans ces quartiers. Un des volets de la politique de la ville de Munich est cependant de créer un "développement cohérent et concerté", qui devrait attirer les entreprises dans ces zones qui ne sont pourtant pas aussi détériorées que dans d'autres agglomérations. Les étrangers ont tendance à monter leur propre affaire, qui ne s’adresse pas forcément aux communautés minoritaires. Un sujet de vive inquiétude est la formation professionnelle des jeunes migrants à la sortie du système scolaire. En Allemagne, un jeune migrant sur trois n’a pas une formation complète et soutenue et les migrants sont plus nombreux que les Allemands à quitter l’enseignement professionnel avant l’obtention d’un diplôme. En Allemagne, des formations à plus de 400 métiers différents sont offertes aux jeunes. Mais la population des migrants se répartit principalement sur 15 métiers seulement, qui sont en général peu qualifiés et qui offrent peu de possibilités de qualification ultérieure. La ville de Munich a donc décidé de lancer de nombreux programmes d’encadrement différents pour les jeunes issus de l’immigration afin de les inciter à commencer une formation professionnelle et à la mener à son terme. En 1998, 45 % de l’ensemble des jeunes Munichois qui ont suivi ces programmes spéciaux de préparation à la qualification professionnelle étaient issus de l’immigration. À l’avenir, plus d’importance devrait être donnée aux compétences linguistiques et interculturelles.